Seul au monde, avec mon drapeau de la fédération et mon t-shirt : « chair à canon, chair à patron », j’arpente la rue à la recherche du cortège.

Il est 10 heures du matin. Le soleil n’invite pas à marcher l’après midi. Ici la manifestation, c’est de bon matin.

A tel point que j’arrive aux Jardins de l’Etat, départ traditionnel des événements à Saint Denis, je ne vois personne. Je scrute la rue de Paris qui mène à la préfecture à la recherche de camarades grévistes.

Je vois au loin des parapluies noirs, et me dis que c’est pour moi.

Comme en métropole, l’unité a ses limites. Là je tombe sur le seul syndicat qui marche, les autres préférant commencer par l’arrivée. Exclu du cortège, SAIPER m’accueille chaleureusement, un camarade me demandant si je suis SO ou CNT-(f), se revendique de la charte d’Amiens, me briefe sur l’ambiance locale.

Par respect je me mets un peu à l’écart, ils me rattrapent et m’intègrent au cortège.

On arrive sur la place, et là on retrouve les grandes centrales. Je croise quelques syndiqués de Holcim.

Bien qu’isolé, ma présence interroge, que fait ici ce Mimit Zoreille (le métropolitain au chat) ? Surtout qu’ici, il n’est pas rare de voir des syndicalistes se faire employer par l’administration via les partis politiques.

Alors que le 1er mai se profile déjà, les syndicats CGTR, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC ont lancé un appel à la grève illimitée dans le secteur du bâtiment, après deux ans de gel des salaires. Les syndicats demandant 1.7 % de revalorisation, la FRBTB, syndicat patronal, se limite à 0.84%. Les négociation du WE ayants échouées, nous serons attentifs à ce mouvement de lutte intersyndical.