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PETIT ECHO DE LA PRESSE
MAIS OU VONT NOS CAMARADES DE L’UCL ???
lundi 28 juin 2021, par
La lecture du numéro de juin du mensuel de l’Union Communiste Libertaire : Alternative Libertaire, nous a laissé, osons le mot, « sur l’cul ».
Après une page de couverture annonçant : « Menaces putchistes – Les généraux au zoo ! », le journal s’ouvre sur un article cossigné par : Patrick le Tréhondat (ancien quartier maitre de réserve), Patrick Silberstein (capitaine de réserve), tous deux membres, à l’époque, des comités de soldats des glorieuses années gauchistes, et l’estimable Christian Mahieux, ancien secrétaire national de Solidaires.
Si l’article débute par : « l’actuelle armée française s’est construite sur le colonialisme, l’impérialisme, l’antisyndicalisme, le machisme et le racisme … », analyse qu’en tout point nous partageons ; nous avons rapidement été scotchés par un développement surgit en 3ème colonne et déclarant : « l’absence de tous droits démocratiques d’expression et d’association, y compris syndical, favorise les tendances les plus régressives. Le peu d’attention portée à la situation des personnels aux armées, notamment aux engagés et aux personnels, par le mouvement syndical, renforce l’isolement social et politique de ces populations et les jette le plus souvent dans les bras des fractions les plus réactionnaires ou en tout cas ne permet pas l’expression de courants démocratiques qui pourraient exister en leur sein. »
Cherchant un sens caché à ces propos, tenus (nous le rappelons), dans un journal s’annonçant communiste libertaire ; nous avons lu et relu ce passage.
Mais, macache bono (comme on dit dans la Grande Muette), pas de sens caché dans cette proposition, qu’il faut bien comprendre comme l’envie de créer des syndicats au sein de cette institution de massacreurs assermentés, de défenseurs acharnés de l’impérialisme français en Afrique.
Comme si le fait d’avoir créé SUD Intérieur avait rendu la flicaille moins facho et réduit l’influence de l’extrême-droite au sein des syndicats de policiers.
On a juste récolté des manifs autorisées sur la voie publique où se déverse, en flot continu, le discours lepeniste.
Ce n’est pas : « l’absence de tous droits démocratiques d’expression et d’association, y compris syndical, (qui) favorise les tendances les plus régressives. », mais bien la nature même de cette institution qui, de tous temps, a mise le sabre au service de l’Etat.
Il n’y a pas comme le laisse-entendre ce texte d’un côté les engagés et de l’autre les gradés, qui mimeraient une opposition de classes, mais bien une collaboration idéologique entre les uns et les autres sur les valeurs surannées du pétainisme et de l’Algérie française, d’un Etat fort (et militarisé), de patriotisme, de virilisme et de machisme.
Chercher, dans cette boite à pandores, trois péquins aux trémolos démocratiques n’en fait pas un sujet de développement syndicaliste-révolutionnaire. Au contraire.
On s’est d’abord dit : « Bon, le Christian, ancien objecteur-insoumis, y s’est laissé entrainer. Il a rencontré 2 vieux potes de la Ligue, et à 2 contre 1, en vieux trotskards filous, y ont, comme à leur habitude, embrouillé un libertaire trop sympa (et pas assez vigilant). »
Mai que nenni, v’la-ti-pas que dans le dernier numéro (813) de « la Révolution Prolétarienne », Christian Mahieux, en page 8 et cette fois seul, en remet une couche : « Sous peine de laisser ce développer un soutien, de fait, au RN parmi les militaires du rang, le syndicalisme doit renouer avec une prise en charge de leurs problème de … travailleurs et de travailleuses. ». En laissant entendre ‘ » le syndicalisme doit renouer ») que syndiquer des militaires de carrière, serait dans la tradition du syndicalisme-révolutionnaire, Christian Mahieux fait (au mieux) preuve d’un contre-sens historique, et (au pire) de manipulation scabreuse.
En effet, au temps du « Sou du Soldat » de la vieille CGT, auquel il fait référence ensuite, la Confédération ne visait pas à syndiquer des militaires, mais a conserver l’esprit de classe des conscrits (alors encasernés pour 2 à 3 ans) qui fréquemment se retrouvaient, à l’époque, utilisés comme briseurs de grève.
Il n’est pas douteux, que Pouget et Yvetot se retourneraient dans leurs tombes s’ils entendaient cette interprétation frauduleuse de leur antimilitarisme et de leur antipatriotisme.
Comme le précisait Georges Sorel dans son ouvrage Réflexions sur la violence (1908) : « Le syndicalisme se trouve engagé, en France, dans une propagande antimilitariste qui montre clairement l’immense distance qui le sépare du socialisme parlementaire sur cette question de l’État. Beaucoup de journaux croient qu’il s’agit là seulement d’un mouvement humanitaire exagéré […] contre la dureté de la discipline, ou contre la durée du service militaire, ou contre la présence dans les grades supérieurs d’officiers hostiles aux institutions actuelles ; ces raisons-là sont celles qui ont conduit beaucoup de bourgeois à applaudir les déclamations contre l’armée au temps de l’affaire Dreyfus, mais ce ne sont pas les raisons des syndicalistes. L’armée est la manifestation la plus claire, la plus tangible et la plus solidement rattachée aux origines que l’on puisse avoir de l’État. Les syndicalistes ne se proposent pas de réformer l’État comme se le proposaient les hommes du XVIIIe siècle ; ils voudraient le détruire »
Le syndicalisme-révolutionnaire ne peut en aucune manière, sauf à se trahir, conforter l’Etat contre lequel il lutte (depuis maintenant près de 150 ans) ; En ce sens il ne peut syndiquer les forces répressives de l’état (que ce soit l’armée, la police ou les gardiens de prison).
Il serait souhaitable que celles et ceux qui s’en réclament ne l’oublient pas.