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Holcim France s’appelle désormais Orsima
A la mode qui...croque.
jeudi 27 août 2015, par
Le 1er août de cette année en France nous n’avons pas seulement connu le chassé-croisé des juilletistes et aoûtiens.
A cette date, aussi, Holcim France passant, en conséquence de la fusion entre Lafarge et Holcim, aux mains du groupe CRH (Cement Roadstone Holdings), a changé son nom en Orsima, décliné juridiquement et commercialement selon les métiers :
- Orsima Ciments,
- Orsima Bétons,
- Orsima Granulats.
Cette acquisition, donne au groupe CRH la troisième place de cimentier dans l’Hexagone, avec environ 15% de part de marché, et les sites suivants :
- 3 cimenteries (Lumbres, Héming et Rochefort-sur-Nenon),
- 4 centres de broyage (Grand-Couronne, Dannes, Dunkerque et La Rochelle),
- 1 station de mélange (Montoir-de-Bretagne),
- 170 centrales à béton et sites de granulats (LafargeHolcim en conservera onze dans le Haut-Rhin).
Que CASH le groupe CRH ?
En France, on connaît peu ce cimentier, le plus gros industriel d’Irlande, né dans les années 1970 du rapprochement de deux entreprises nationales, et devenu un poids lourd mondial des matériaux de construction avec 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013, car jusqu’à maintenant, sa présence dans l’Hexagone se résumait à la distribution via deux enseignes intégrées (Raboni et Busca).
CRH est cependant déjà implanté dans 34 pays du monde. Cette acquisition lui permettra de compléter sa couverture géographique mondiale.
Sur un chiffre d’affaires annuel de 19 Mrds €, 85 % sont réalisés en Europe de l’Ouest, aux Etats-Unis et au Canada. Les 15 % restants proviennent des autres opérations en Europe centrale et orientale, en Amérique du Sud et en Asie, où CRH cherche à accroître sa présence, notamment en Inde et en Chine.
Le groupe emploiera maintenant 91.000 salariés sur plusieurs milliers de sites dans le monde et produit annuellement 300 millions de tonnes de matériaux de construction.
Produire et couler du béton à n’importe quel prix ?
En 2001, a acquis une participation de 25% dans le groupe israélien Marshav propriétaire de Nesher, seule société de ciment israélienne qui approvisionne 75 à 90% de l’ensemble du marché en Israël et Palestine occupée.
Au travers de ses différentes filliales, le groupe est impliqué dans :
- La construction du mur de L’apartheid,
- le projet Light Railway Jérusalem,
- les colonies de peuplement illégales,
- le réseau routier des colonies de peuplement israéliennes,
- le transport des matériaux de construction,
- L’importation des engins Liebherr, utilisés pour démolir les maisons et oliveraies palestiniennes.
CRH au travers de cette participation tire donc bénéfice de l’occupation de la Palestine, et est complice des atteintes aux droits humains par l’occupation illégale de la Palestine par Israël.
C’est en 2002 que la construction du mur de la honte a commencé.
En 2004, La Cour internationale de Justice (CIJ) a jugé que le mur était illégal en considérant qu’il s’agissait d’une tentative d’annexion, par Israël, de 10% du territoire palestinien, en effet 82% du mur est construit en territoire palestinien occupé.
En 2010, le Tribunal Russell sur la Palestine, après enquête sur la complicité des entreprises dans la violation par Israël du droit international des droits de l’homme a conclu que CRH avait une responsabilité juridique.
Depuis… rien n’a changé.
Pourtant CRH, dans son propre code de conduite (2008) prétend être « engagé à gérer de façon éthique et responsable de tous les aspects de ses opérations relatives aux employés, clients, voisins et les communautés locales, les actionnaires et autres parties prenantes », et affirme :
- Examiner les implications des droits humains, le cas échéant dans les décisions d’investissement
- Soutenir les principes de la Déclaration des droits de l’homme des Nations Unies
- le respect de la protection des droits de l’homme dans ses domaines d’influence
Que faire alors syndicalement ?
Qu’est-ce que le syndicalisme, et surtout une organisation si petite que notre fédération d’industrie, peut-elle entreprendre pour lutter contre ces empires capitalistiques qui jouent le sort de leurs salariés, et l’équilibre écologique de la planète à l’échelle mondiale ?
Et bien, d’abord changer d’échelle.
Nous devons raisonner à la même échelle que ces groupes internationaux.
On n’invente rien, Fernand Pelloutier [1] et Pierre Besnard [2] le disaient déjà en leurs temps. Pour mener la lutte de classes il faut le faire sur le même terrain que nos adversaires. Pour cela il faut lier des relations avec tous les collectifs de travailleurs, les associations écologistes ou de défenses des droits humains constitués, ou déjà en lutte contre ces mastodontes qui profitent de nos divisions.
Renforcer notre connaissance sur ces entreprises
Comme nous l’avons entamé ici, d’abord sur Lafarge, puis Holcim et maintenant CRH.
Aller à la rencontre des travailleurs de ces entreprises
Le « nombrilisme aveugle » est une impasse. Considérer que syndicalement on peut lutter site par site, alors que les dirigeants de ces groupes jouent au poker-menteur leurs implantations mondiales, est proche de la haute trahison.
Les travailleurs de cette branche ne peuvent qu’être régulièrement sacrifiés sur l’autel du profit immédiat, s’ils ne se dotent pas d’une stratégie alternative pour le contrôle de la production. Cela passe obligatoirement sur une réflexion écologique réelle et globalisante sur la place des ressources naturelles et matériaux produits dans l’acte de construire.
Le SUB TP BAM donne, à ceux qui le souhaitent 3 rendez-vous.
Le Premier,
C’est bien évidemment de continuer à nous lire sur le site du syndicat, où nous allons continuer à publier des articles d’informations sur la branche des Matériaux de construction
Le Second,
C’est le 12 décembre prochain, lors de la manifestation parisienne sur le climat, à laquelle nous participerons dans le cadre de notre industrie
Le Troisième,
Ce sera lors de notre concert-bal irlandais du mois de mars 2016, où nous donnerons un nouvel écho sur le groupe CRH ;
[1] PELLOUTIER Fernand (Léonce Émile) - (1867/1901) :
Esprit rebelle dans une famille de tradition monarchiste, il stoppe ses études après un échec au baccalauréat et devient journaliste en 1886.
D’abord attiré par les idées républicaines, il rallie ensuite le socialisme et adhère, en 1892, au Parti ouvrier français. Il écrit, avec Aristide Briand, une brochure intitulée De la révolution par la grève générale. Il est ensuite séduit par les idées anarchistes.
Élu en 1895, secrétaire de la Fédération des bourses du travail, il développe grandement l’organisation.
Adepte de l’autonomie ouvrière, il remit à l’ordre du jour les enseignements de Proudhon et de Bakounine, et est reconnu à ce titre comme un actualisateur de la pensée anarchiste. Après avoir eu toute sa vie des problèmes de santé, Pelloutier meurt prématurément et dans le dénuement en 1901.
[2] BESNARD Pierre - (1886/1947) :
En 1909, il commence une carrière dans les chemins de fer de l’État à Chinon. Il se syndique alors à la Fédération des cheminots dont il devient le secrétaire pour la région parisienne le 4 mai 1920. Il est alors révoqué pour sa participation aux grandes grèves de l’année 1920.
En 1921, il devient le secrétaire général des Comités syndicalistes révolutionnaires en remplacement de Pierre Monatte. Lors du rassemblement de la minorité de la Confédération générale du travail qui a lieu en décembre 1921, il défend avec Gaston Monmousseau une motion de rupture immédiate, face à Pierre Monatte partisan de la temporisation. Cependant lors du 1er Congrès de la Confédération générale du travail unitaire à Saint-Étienne (25 juin-1er juillet 1922), Besnard et ses amis se retrouvent dans la minorité face aux partisans de l’Internationale communiste. Besnard se retire aussi de l’exécutif de l’Association internationale des travailleurs auquel il participait.
Besnard essaye alors de regrouper l’ensemble de l’opposition à la direction de la Confédération générale du travail unitaire. Devant l’échec de cette tentative, il participe à la création de la Confédération générale du travail - Syndicaliste révolutionnaire dont il devient le secrétaire général en 1929.
Pendant la Guerre d’Espagne, il participe à la création de comités syndicalistes anarchistes pour la défense du prolétariat espagnol. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie dans le Midi de la France. Après guerre, il reprend des activité syndicales, et participe notamment à la création de la Confédération nationale du travail française, mais meurt quelques mois après. Il se fait incinérer, son urne funéraire repose au colombarium du Cimetière du Père-Lachaise.
Très doctrinaire, P. Besnard rêva toujours d’un ample mouvement révolutionnaire qui serait sa chose. Un militant syndicaliste qui l’a bien connu, Théo Argence, l’a ainsi caractérisé et, sans doute assez justement : « Sa trop grande rigidité (...) le conduisait à l’isolement. Ainsi peut s’expliquer, sans le justifier, son besoin de créer des groupements nouveaux qu’il voulait à son image ».