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Schmidheiny : Impunité pour les tueurs de l’amiante

lundi 24 novembre 2014, par SUB-TP-BAM RP

18 ans de prison barrés d’un trait de plume. 3 000 morts comptabilisés et combien d’autres non comptés à qui on ne fait pas justice, l’acquittement de Stephan Schmidheiny par la cours de cassassions italienne met sous les projecteurs les limites des procédures de justice.

Même si nous doutions de l’application de la punition, la condamnation en tant que telle était une reconnaissance du meurtre de leurs proches pour les familles.

Cela vient de leur être brutalement arraché par la prescription. Schmidheiny avait été condamné pour avoir provoqué volontairement une « catastrophe sanitaire et environnementale permanente ». Il ressort libre mais certainement pas blanchi [1]. Sa culpabilité ne fait pas de doute et l’acquittement ne repose que sur le droit et non sur le fond. Et ainsi, un assassin de masse échappe à sa condamnation.

Le procureur à l’origine de l’acquittement met en avant qu’il faut faire la différence entre l’application de la loi et le sentiment de justice. En d’autres termes, les ministères de la justice sont là pour appliquer les lois et non pour rendre la justice, et ça nous ne devrions pas l’oublier. Car ces lois sont rarement favorables aux ouvriers. Et peu de juges viennent du prolétariat.

L’interprétation différente de ces lois par le procureur Guariniello [2] pour conduire Schmidheiny devant les juges, n’a pas résisté à l’armée d’avocats du coupable. Mais pour pouvoir mener ce procès, il a contribué à la création d’un observatoire du cancer en lien avec le parquet dans la région de Turin, « à la recherche des tumeurs perdues ». Celui-ci a identifié des milliers de cas de cancers liés à l’activité professionnelle et les expositions à des produits cancérigènes "dans des endroits insoupçonnés et insoupçonnables".

Ce travail inédit permettra sans nul doute de mettre sur le même banc d’accusation d’autres patrons nous envoyant en connaissance de cause au casse pipe face à des matières nous assassinant à petit feu, ceux du goudron et ceux du PVC par exemple. Et cette fois bien avant le délai de prescription. Ce dispositif n’existant pas en France, nous avons à le créer.

Et n’oublions pas qu’un deuxième procès pour homicide volontaire est en cours contre Schmidheiny. Eternit, ce n’est pas fini.


[1Contrairement à ce que laisse supposer le titre de la dépêche AFP, "3.000 morts, mais pas de coupable" . C’est un crachat supplémentaire sur nos camarades italiens assassinés par ce patronat des plus abject.

[2en charge de l’instruction du dossier pour les parties civiles