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Lafarge sur un air de Craonne

mardi 3 juin 2014, par SUB-TP-BAM RP

Alors qu’Holcim a installé une station de broyage d’une capacité de 500 000 tonnes de ciment sur le Port de La Rochelle, où sont employés 14 salariés, et importe son clinker d’Espagne, se trouve à proximité la cimenterie Lafarge d’Angoulême fabriquant son clinker et employant plus de 100 salariés, pour une production de ciment d’environ 800 000 tonnes/an.

Dans ces conditions combien de temps la Cimenterie d’Angoulême peut-elle rester en activité ?

En effet, les deux cimentiers en se rapprochant pensent dégager 1,4 milliard d’euros de "synergies annuelles" au bout de trois ans, dont un tiers devrait être réalisé dès la première année. L’optimisation des Stations de Broyage se fera au détriment des Cimenteries qui comptent 6 à 12 fois plus de salariés et des investissements largement supérieurs. La réorganisation se fera certainement par transformations de cimenteries en stations de broyage, et donc avec une réduction de personnel. Déjà, en 2011 la cimenterie Lafarge de Frangey (89) et en 2012, la cimenterie Holcim de Dannes (62) ont subi la même stratégie.

Si Lafarge France compte près de 5 300 salariés sur 450 sites confondus pour ses activités : ciments, granulats et bétons, chez Lafarge Ciments (1 430 salariés sur 19 sites dont 9 cimenteries et 5 usines de broyage), il pourrait y avoir une compression d’effectif de 10 à 20%, voire plus.

Quand à Holcim, qui jouera évidemment la même partition, c’est en France près de 200 sites et 1 800 personnes qui peuvent dès maintenant s’interroger.

Le projet de fusion prévoit aussi des cessions d’actifs, essentiellement en Europe. « Un désinvestissement, ce n’est pas une fermeture d’usine. C’est la cession d’un actif à un autre acteur », a affirmé, bonhomme, le patron de Lafarge. Il est malheureusement clair que les infrastructures cédées, seront rapidement liquidées. Les sociétés comme Lafarge-Holcim semblent s’orienter de plus en plus vers une nouvelle forme de sous-traitance, celle du licenciement [1].

L’Union Nationale CGT Lafarge Ciment et la Fédération Construction CGT « appellent les salariés à la vigilance et à l’unité dans les semaines et les mois à venir ».

La vigilance à quoi ?

Tout le monde connait la « culture » d’entreprise et la stratégie de Lafarge et Holcim. En plus d’un siècle ils ont largement et fréquemment montré quelle considération ils avaient pour les générations d’ouvriers qui par le monde ont fait et font leur richesse.

L’unité avec qui ?

En 2011, lors du conflit autour de la cimenterie Lafarge de Frangey une intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC), bloquait les 10 cimenteries du groupe pendant 4 jours. Alors même que le conflit était en cours, le Délégué Syndical Central CFTC de l’UES Lafarge Ciments déclarait : "L’important pour nous maintenant, puisque la direction ne reculera pas, c’est de se mobiliser sur le volet social du PSE, afin de négocier les meilleures conditions de reclassement interne des salariés, avec des mesures d’accompagnement de la mobilité, et le plus tôt sera le mieux, afin que les familles puissent s’organiser avant la rentrée scolaire ".

Il y a des collabos qu’on préfère savoir tout de suite dans le camp d’en face.

Dans une procédure de cession, il n’y a pas de PSE. Il n’y aura rien à négocier dans l’immédiat et jamais avec Lafarge-Holcim.

NOUS APPELONS LES TRAVAILLEURS DE LAFARGE ET D’HOLCIM A, DÈS MAINTENANT, FORGER LES OUTILS DE LEUR RÉSISTANCE PAR UNE ADHÉSION MASSIVE ET RÉSOLUE À UN SYNDICAT RÉELLEMENT DE CLASSE, PRÊT À METTRE EN ŒUVRE DE MANIÈRE DÉMOCRATIQUE ET DIRECTE LES MOYENS POUR FAIRE OBSTACLE AUX APPÉTITS SANS LIMITES DU CAPITALISME INTERNATIONAL.


La Chanson de Craonne (nom d’un village), chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale, fut interdite par le commandement militaire, en raison de ses paroles antimilitaristes, défaitistes et incitant à la mutinerie.

Elle est connue pour avoir été entonnée par des soldats mutinés (dans une cinquantaine de régiments de l’armée française) après l’offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames.

Cette chanson anonyme, diffusée oralement et de manière clandestine, a continuellement évolué au cours de la guerre en fonction des lieux principaux de combat.

La chanson a été écrite sur l’air de la chanson Bonsoir M’amour, paroles de Raoul Le Peltier, musique de Adelmar Sablon (pseudonyme de Charles Sablon) sur un mouvement de valse lente, publiée en 1911.

Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé,
On va r’prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c’est bien fini, on en a assez,
Personn’ ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s’en va là haut en baissant la tête.

Refrain

Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C’est nous les sacrifiés !

C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c’est pas la mêm’ chose.
Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendr’ leurs biens, car nous n’avons rien,
Nous autr’s, les pauvr’s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là.

Refrain

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu’un qui s’avance,
C’est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

Refrain

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !


[1Alors que nous plaidions pour un adhérent du syndicat au tribunal prudhommal de Boulogne-Billancourt, nous avons eu une formation accélérée sur le sujet des cessions. Durant trois heures nous avons suivi, le procès de Coca-cola intenté par 37 salariés s’occupant des machines de distributions automatiques "cédées" à la société Daltys. Nous avons pu y apprécier ce qu’est une cession d’activité réellement.