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PAS DE LUTTE ECOLOGIQUE SANS LUTTE DE CLASSE … ET LYCEE DE VERSAILLES !
lundi 6 février 2023, par
Le 13 janvier dernier 2 militants, opposés à la construction de la ligne 18 du Grand Paris Express, sont passés en procès, pour avoir le 15 octobre 2021, accroché une banderole (« SOS Stop L18 »), sur une grue de chantier du plateau de Saclay, y dénonçant la bétonisation.
Ils étaient jugés, à Evry, pour « entrave à la liberté de travailler », après une plainte déposée par l’entreprise Estèves Frères qui opérait sur le chantier, et encouraient jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, le parquet ayant requis 2 mois de prison avec sursis.
Une entreprise du BTP comme on en connait malheureusement trop.
Les responsables de cette entreprise ont, en effet, déclaré :
« Nous avons porté plainte car nous craignions des dégâts sur la grue qui auraient pu se chiffrer en milliers d’euros, même si ça n’a pas été le cas, parce que le chef de chantier, qui a 25 ans de boîte, a été menacé, et parce que pendant toute une journée, 15 personnes ont été payées à jouer aux cartes au lieu de travailler ».
Ce propos en dit long sur cette entreprise familiale de gros œuvre, à la tête d’une trentaine de salarié·es (pour combien d’intérimaires et de sous-traitants peu regardant, quand on visite le site de leurs réalisations ?), qui pense que ses salarié·s ne seraient capable que de « taper la belotte » au lieu de travailler. Salauds d’ouvriers qui ne pensent qu’à jouir et s’amuser.
Une lutte écologique nécessaire …
Cette démonstration d’opposition du Collectif contre la ligne 18., qui doit traverser les terres agricoles du plateau de Saclay, au sud de la capitale, les ouvrant à l’urbanisation, est juste.
Il y a maintenant 15 ans, le gouvernement avait lancé le cluster Paris-Saclay, une Silicon Valley à la française, censée regrouper dans un même lieu des grandes écoles, l’université Paris-Saclay et la recherche de haut niveau afin de rivaliser dans les classements universitaires internationaux. Parmi les derniers territoires agricoles d’Île-de-France, le plateau de Saclay a ainsi perdu depuis 400 hectares.
Ce nouveau métro (ligne 18) est le signal d’une urbanisation accélérée du secteur., qui fera disparaître à terme 2 300 nouveaux hectares.
Une culture écologique de l’entre soi …
« On a fait zéro dégradation, on est restés 2 heures, raconte l’un des 2 militants poursuivis. Le but était surtout de toucher les étudiants de l’ENS Paris-Saclay, dont les locaux sont situés en face du chantier ».
Si le patron de l’entreprise de Bâtiment est persuadé que ses salarié·es ont jouer aux cartes, il semblerait que ces derniers n’ont pas plus intéressé les militant·es de ce collectif, qui n’ont eu d’yeux que pour les « étudiants de l’ENS ».
Pour beaucoup de ces militant·es écolos, en effet, les ouvrier·es du BTP semblent indissociables de leur machine (grues, buldozer, pelleteuses …).
Qui alors perdrait son temps à parler à des machines ?
Dans la suite de ses propos ce militant se montre d’ailleurs plus sensible aux « difficultés » supposées de l’entreprise et déclare :« Certes, l’entreprise a subi un préjudice économique. Mais il est extrêmement faible au regard des conséquences de ces travaux », et conclu : « Avec cette action, on voulait toucher les étudiants et ça a marché, on en a recruté ! » (Souligné par nous)
Un rassemblement de soutien, avec pièce de théâtre, musique et des prises de parole d’experts, était également prévu le jour du procès, non loin du tribunal. Parmi ces prises de paroles, pas d’ouvrier·es du BTP, pas de syndicalistes et cela même, alors que le rassemblement se trouvait à proximité de la maison des syndicats.
La force d’arrêter les projets inutiles et nuisibles
Les 2 activistes d’Extinction Rébellion ont finalement été relaxés, et nous ne pouvons qu’en être satisfaits. Ils ont tout notre soutien dans cette lutte qui vise à criminaliser les lanceur·euses d’alertes.
Nous restons cependant persuadé·es que notre plus grande force, pour stopper ces projets nuisibles, demeure dans la prise de conscience écologique des ouvrier·es du BTP qui disposent, entre leurs mains ,de la puissance nécessaire à l’arrêt immédiat, par la grève générale expropriatrice.
Nous, syndicalistes du BTP, sommes résolu·es à travailler en ce sens avec tous les groupes écologistes prêts à œuvrer dans ce sens.