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Les noirs fantômes de l’oubli

dimanche 1er novembre 2020, par SUB-TP-BAM RP

Au lendemain de la 3ème marche des Sans-Papièr.es à Paris, il est des constats difficiles, douloureux, mais nécessaires à faire :
Tout le monde (ou à-peu-près), s’en fout.

Des hommes, des femmes, condamné.es à la clandestinité, ont traversé la France et piétiné, par milliers, hier dans Paris …mais,
Personne ne semble les avoir vu.es !

Aucune couverture de presse écrite, aucun relai radio, aucune image télévisée.
Pour cela il aurait fallu sûrement des vitrines brisées, des charges de police, ou peut-être plutôt des entreprises arrêtées, des chantiers déserts, des métros et des hôpitaux sans nettoyage.

La France d’hier, semblait vouloir préférer pleurer son professeur assassiné, la liberté d’expression violée, la République bafouée. C’est du moins ce que laissaient entendre les médias.
Loin de nous l’envie ou l’idée de mettre en concurrence ces deux faits. Notre syndicat, organe collectif de solidarités, se bat pour la liberté contre tous les obscurantismes, outils de domination. La France, et souvent trop de français.es, professent la Liberté, l’Egalité et la Fraternité comme des valeurs universelles mais ne la pratiquent que dans l’entre-soi. Oubliant facilement notre devoir de réparation pour nos « quelques moments » de colonisation, on s’étonne alors que cet humanisme ne soit pas partagé par tous.
Le « eux et nous » redevient de rigueur,
Cachez ce noir (à coup-sûr musulman) que je ne saurai voir !

Au moment où Macron dit comprendre la part de notre jeunesse, qui dit la gâcher avec l’arrêt des concerts et la fermeture des bars, était-il judicieux de « marcher sur l’Elysée » ? Ce président, marionnette du Grand Capital, est-il bien l’interlocuteur de notre colère ?
N’aurait-il mieux pas valu rejoindre la Seine, lieu commémoratif du massacre d’octobre 1961, pour rappeler aux français.es que, 60 ans après, nous devons toujours nous interroger sur les questions de décolonisation ?

Les temps sont difficiles. Pour les militant.es et pour les Sand-Papièr.es.
La crise sanitaire, et la crise économique qui l’accompagne, rendent difficiles les mobilisations pour la régularisation de tous et toutes. Comment lancer, en effet, un mouvement de grève générale, de cette partie la plus précarisée du prolétariat, comme ce fut le cas en 2008 ?
• Comment révéler le travail des « soutiers de cuisine » de restaurants aujourd’hui quasiment à l’arrêt ?
• Comment arrêter les chantiers, sans inquiéter les collègues fragilisés par le risque du chômage ?
• Comment ne pas nettoyer les couloirs des gares ou du métro quand les masques qui les jonchent font craindre à tous les voyageurs le risque de la contamination.
En cette période de crise on sait la foule prompte à trouver des boucs-émissaires, et ce ne peuvent être nos camarades Sans-Papièr.es.

Il nous faut savoir aussi rassembler les militant.es que la pandémie à éloigné de nos organisations. Si la solidarité doit s’exprimer c’est bien en ces temps malheureux de crise mondiale.

A nos organisations le devoir de dépasser la (si facile) signature de complaisance des nombreux Appels pour reprendre le chemin d’un travail effectif, fructueux et collaboratif de mobilisation de nos propres militant.es.

Nos camarades sont : Sans-papiers, mais aussi pour beaucoup depuis le confinement Sans- boulot, Sans-revenus, et donc Sans-rien à bouffer !
Notre solidarité doit alors s’exprimer au-delà d’une manif invisible dans Paris.
Notre syndicat y travaille quotidiennement.
Aidez-le par vos dons, ou de votre présence dans ses actions !