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Quand le « bonimoniteur du BTP » s’étonne que des salarié.es soient absent.es

jeudi 30 novembre 2017, par SUB-TP-BAM RP

Quand l’organe des patrons commente l’analyse d’une étude de Malakoff Médéric (qui chaque année revêt un petit côté arrivée du Beaujolais nouveau), on a rapidement le poil qui s’hérisse (en mode Liabeuf).

L’article commence fort : "Absentéisme : le BTP fait figure de mauvais élève". Rien de mieux en effet pour morigéner la classe ouvrière que de l’infantiliser. Pour celles et ceux qui n’auraient pas compris, Caroline Gitton, autrice de cet article aux relents de mépris de classe, insiste : « Le BTP occupe, avec l’industrie, le dernier rang de la classe en matière d’absentéisme.  » Pour la Chef de rubrique Emploi, droit social, ressources humaines du Moniteur, les salarié.es du BTP, quotidiennement soumis aux intempéries ne peuvent se trouver que relégués en fond de classe, près du radiateur.

Quand elle annonce que 38,9% des salariés ont pris au moins une fois un arrêt maladie au cours de 2016, soit :
· 29% pour maladie ordinaire,
· 18% pour troubles musculo-squelettiques,
· 17% pour troubles psychologiques ou « grande fatigue »,
· 11% pour accident ou le traumatisme,
là, elle ne commente plus. Pourtant il y aurait à dire sur les raisons de l’ensemble de ces arrêts dus :
· A la mise en danger des salariés par des cadences infernales,
· Aux pressions de l’encadrement,
· Au harcèlement moral,
· A la manutention manuelle
· Aux produits toxiques

La journaliste écrit plus loin : « les 30-39 ans sont en outre plus nombreux à s’arrêter ». Et oui, c’est l’âge où dans le BTP, on commence à approcher les 15 ou 20 ans de vie professionnelle, et que la fatigue et l’usure des corps commencent à prendre leurs marques. Alors que de jeunes enfants poussent à la maison, on ne se sent pas si vieux, et pourtant déjà le corps exprime un vieillissement précoce.

Mais que peut y comprendre un journaliste, pour qui cet âge est peut-être celui du premier emploi ?

Redécouvrant l’eau chaude, mais sans en soupçonner le sens, elle continue : " la durée des absences s’allonge avec l’âge des salariés ". Comme précédemment aucun commentaire, aucune analyse ne vient ponctuer ce copier-coller du rapport de Malakoff Médéric. On le comprend, car le discuter serait révéler la faute impardonnable du patronat et sa responsabilité dans le vieillissement prématuré de la classe ouvrière.

Mépris de classe toujours quand elle poursuit par : "Il apparaît par ailleurs que le niveau d’absentéisme croît avec la taille de l’entreprise. Les salariés de TPE étaient ainsi, en 2016, 28,5 % à s’être absentés, quand ce pourcentage s’élevait à 36,1 % dans les entreprises de plus de 5 000 salariés.", sous-entendant que la concentration des ouvriers entretiendrait une fainéantise, tellement dans l’air du temps et les propos de la classe dominante [1].

Sans rire, la scribouillarde nous annonce que : "les cadres (sont) davantage épargnés". Comme si l’absentéisme était un virus dont les cadres, acquis aux valeurs managériales de l’entreprise (modèle de société), seraient protégés.

Un goût amer reste indéniablement après la lecture de tels chiffres et d’un tel article. Un relent de colère aussi contre tous ces pisse-copies qui ont fait le choix de l’allégeance au Capital. A l’égal du CRS qui nous matraque en manif, le/la journaliste participe au maintien de la domination et de l’exploitation contre laquelle nous luttons.

Ceux qui croient encore que communiquer avec les médias inféodés peut être un moyen de propager notre pensée se trompent. Dans le principe et la pratique de l’action directe :
· Refusons de parler aux médias
· Développons nos propres outils de communication !


[1On pourrait également lui conseiller de confronter les chiffres, comme ceux de l’OPPBTP, avec une approche patronale tout aussi assumée, qui titrait en septembre 2016 : "Absentéisme au travail : le BTP, bon élève" Mais il s’en passe des choses en un an...