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Un camarade "dos cassé" témoigne....des douleurs d’après

jeudi 24 septembre 2015, par SUB-TP-BAM RP

Premier élan d’énergie en cette fin de week-end, après avoir battu le record de position allongée en 72 heures, m’ayant permis des heures de réflexion, seule chose réalisable dans cette situation, après la lecture !

Un nouveau blocage de dos, mais un comme je n’avais jamais eu, survenu vendredi matin dans un geste le plus banal qui soit, en voulant rattraper mon gel douche dans un geste réflexe ! Plus de 15 minutes pour me redresser samedi matin en sortant du lit pour aller aux toilettes, douleur insoutenable m’obligeant à me déplacer plié en deux, au ralenti, et en utilisant des points d’appui que je ne soupçonnais même pas !

La violence de cet épisode physiquement douloureux m’a inquiété sur le coup, mais ça commence à se calmer depuis ce midi, grâce au repos et aux différents médocs et anti-douleurs à base d’opium (Lamaline), je n’en demandais pas tant !

Première cause, mes 20 premières années de travail dans le bâtiment, pendant lesquelles les montées d’étages sur les chantiers avec des charges lourdes en appui d’un coté des épaules, les positions de travail inconfortables, dans les courants d’air, le froid, sur les échafaudages roulants après les avoir assemblés, etc, situations encore couramment vécues par la plupart de nos camarades en travaux neufs, et qui ont, d’après le médecin, participées à l’usure prématurée de mon cartilage intervertébral dans la région du bas de mon dos, malgré toutes les précautions que je pouvais prendre, à partir du moment où j’en avais pris conscience !

Un prochain IRM, devra permettre de vérifier cette usure s’est amplifiée depuis le précédent, qui avait déjà révélé ces traumatismes qui n’iront pas en s’arrangeant...

En attendant, d’après les explications du médecin, pas grand chose à faire au niveau médical, seul le fait que les vertèbres concernées se soudent entre elles avec le temps, permettra de stopper les contacts répétés entre elles lors des gestes quotidiens, qui lorsqu’ils sont plus violents que d’habitude, provoquent une contraction de tous les muscles lombaires qui cause la douleur, réaction naturelle du corps pour protéger la colonne vertébrale, lieu de passage de tout le système nerveux vers le bas du corps. Franchement, c’est beau la mécanique humaine, c’est aussi intéressant que la technique de nos métiers !

Tout ce paragraphe, pour revenir sur un aspect collectif, sur l’intérêt des gestes et postures dans nos métiers, et l’importance de se battre sur les chantiers, pour arrêter de faire n’importe quoi du fait d’un manque évident de moyens humains ou matériels dans le seul but de profits financiers.

Ces bénéfices obtenus par l’optimisation volontaire et à outrance, du dimensionnement ou plutôt sous-dimensionnement des équipes de travail, au détriment de tout bon sens technique ou humain, et de la qualité finale des réalisations, se payent sur ma santé et ils ne valent pas la destruction de mes vertèbres.

Le quotidien des travailleurs du bâtiment continue de provoquer ce type de dégâts sur le corps, le problème c’est que l’on en prend souvent conscience, que lorsque l’on est rappelé à l’ordre par les premières séquelles, qui n’apparaissent que plusieurs années plus tard, et malheureusement quand c’est trop tard pour notre corps.

Notre expérience de traumatisés des conditions de travail doit servir, elle doit se transmettre auprès de tous nos collègues, des jeunes en formation, pour continuer à leur inculquer cette culture de la santé au travail.

Bien que le patronat prône les bienfaits des règles de sécurité et conditions de travail et se vante de tout mettre en œuvre pour limiter les maladies professionnelles dans sa communication d’entreprise comme leurs chartes et engagements sur le sujet, ils ne se donnent jamais les moyens financiers suffisants pour assurer cette obligation de résultat. Il suffit de voir les mutuelles obligatoires au rabais qu’ils choisissent. Mieux vaut préserver les loisirs des actionnaires, que la santé des collaborateurs ouvriers-producteurs. Pour eux, le fauteuil club en cuir, pour nous le fauteuil roulant.

L’information massive auprès de tous les travailleurs du bâtiment doit amplifier l’opposition collective à ce type d’organisation des chantiers destructrice des corps. Cette opposition doit être quotidienne et à défaut d’implication personnelle de la plupart des travailleurs du bâtiment, le syndicalisme "de terrain" doit être le porte-parole de cette revendication.

C’est la seule garantie de pouvoir un jour avoir des générations de travailleurs retraités du bâtiment, qui auront encore la condition physique d’en profiter. Les patrons et actionnaires, ce n’est pas le travail qui va les tuer. En ayant profité avant l’âge de la retraite, ils se doivent de financer mon départ à 50 ans.

Syndicalistes nous impliquons nos camarades en activité à cette démarche, qui est réalisable dans toute entreprise. Nos chantiers syndicaux ont mis en avant cette problématique de la santé par les gestes et les postures. Les camarades cassés par le travail ont ainsi pu s’interroger sur les raisons de leurs douleurs.

Suite à cette prise de conscience, un mandat santé se met en œuvre progressivement au sein du syndicat. Il a la tache considérable de rendre accessible et gratuite la santé pour nos adhérents.

Nous assurons un soutient dans les démarches de santé des travailleurs du bâtiment lors de nos permanences du samedi matin. Pour toutes questions dans ce domaine, venez nous y rencontrer.

Un travailleur du bâtiment