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Les élus prout-prout du XVIIème découvrent le Gigot-Poumon Bitume

mercredi 15 juillet 2015, par SUB-TP-BAM RP

Dans un article du parisien, nous avons découvert que la maire UMP-LR du 17ème arrondissement, Brigitte Kuster, s’était adonnée à la dégustation du Gigot-bitume offert par les services de la voirie parisienne.

Miam, ça a l’air bon le poumon bitume

Qu’est-ce que le Gigot Bitume ?

Le gigot-bitume est une pièce de gigot enveloppé dans de l’aluminium, du papier kraft cuite à l’étouffée dans un bain de bitume à 200°. En ressort une viande parfaitement cuite dans ses arômes.

Issue de la tradition des étancheurs du BTP, cette pratique n’est plus répandue dans les sociétés privées. Elle servait de fête de cohésion du groupe de travail à la fin des chantiers quand le patron était pleinement tributaire des gestes de métier de ses ouvriers et voulait s’assurer de leur présence sur le prochain chantier. Il pouvait se prendre un boycott du lundi des sublimes.

Avec la perte de ces gestes professionnels due à l’organisation du travail tayloriste des chantiers et aux nouveaux matériaux simplifiant les taches de construction, plus besoin pour le patron de brosser le poil de ses ouvriers pour leur savoir-faire, le travail pouvant désormais être fait sans qualification vu le peu de qualité de ce qui est construit. La fin de chantier signifie simplement qu’il faut courir au suivant. Et ceux qui n’y arrivent pas à temps seront remplacés dans la minute.

Ne restent désormais à pratiquer le gigot-bitume que quelques patrons nostalgiques, des services routiers y trouvant les derniers vestiges de leur identité professionnelle malmenée, des traiteurs qui se sont dits qu’ils tenait là un bon filon et... des aristocrates voulant faire peuple et convivial dans leur raout faussement populaire [1] à destination du personnel.

La mode du raout pour les gueux du personnel

Ce n’est en effet pas un hasard si ces "moments conviviaux" issus de la tradition se développent. La fête d’inspiration patronale au stéréotype populo a en effet le vent en poupe depuis les condamnations de PDG à France Telecom. Plus le patron malmène son personnel, plus il a besoin de montrer qu’il les "aimait" avec toutes ses fêtes organisées pour ses gueux. Au cas où il serait un jour devant la justice pour ses agissements.

Gigot-bitume ou barbecue, peu importe. L’essentiel est de servir une imagerie montrant que les gueux sont bien les principaux destinataires du raout. Si on nous servait du champagne et du caviar, il y aurait un doute sur le public visé.

Ces fêtes patronales existent depuis longtemps. Elles ont toujours été utiles au patronat pour régner sur ses salariés. Pour cela, nous ne remercierons jamais assez Jacquouille Seguela d’avoir popularisé la fête des voisins au travail, une ignominie sans nom nous abrutissant un peu plus et qui donne un prétexte supplémentaire pour une fête d’absolution du patronat.

Aucun militant de la CNT ne participe de ces fêtes imposées. Nous ne mangeons pas avec le patron, ni à sa table, ni sur ses chantiers, ni à son barbecue de merde, ni à son gigot bitume frelaté.

Voir ces types nous coupe l’appétit, nous file la courante. Chaque bouchée prise dans ces fêtes nous rappelle la réduction de salaire et les fins de mois difficiles. Chaque bruit de masticage nous arrache des primes, chacune de leur succion nous aspire la moelle et on a qu’une seule envie, qu’ils s’étouffent à leur repas de Gargantua.

Leur rire de fête nous confronte à leur vulgarité et à leur crasse. Et désormais nous sommes sommés de participer en amenant la nourriture car c’est plus convivial. Et pourquoi, on devrait payer pour le ventre sans fond.

Des fêtes, NON, on fait pas la fête avec ses ennemis de classe à la CNT. Si un jour vous voyez un membre de la CNT préparer la bouffe de son patron, un conseil, n’en mangez pas, ce sera assaisonné au glaviot tout vert dans le meilleur des cas.

Anne Monjaret a publié une étude très intéressante en 2012 revenant sur la place des fêtes au travail et les différentes appropriations ou détournements de la fête au travail. Il y a fêtes et fêtes.

Fêtes et travail dans les organisations professionnelles : quelles relations possibles ?

Le poumon-bitume

Au delà de l’aspect fête du gigot-bitume, nous interrogeons ce genre de communication au vu de la dangerosité du bitume. Avant de voir que c’était une fête au travail, nous avons d’ailleurs cru qu’il s’agissait d’une opération de communication du lobby du bitume.

Car le bitume est dangereux et cancérigène. Il provoque une surmortalité chez les travailleurs des TP par cancer du poumon. Celui de Paris est amianté, ce qui est la double peine pour les services de voirie parisiens.

En faire sa promotion indirecte via le gigot-bitume est faire courir encore plus de risques aux poumons des travailleurs des TP. Depuis 2013, le bitume commence son ascension de l’échelle du produit à interdire. Les industriels du secteur font des pieds et des mains pour cacher l’ampleur du problème sanitaire. Ils en sont encore à essayer de faire croire que le bitume ne fait encourir comme risque que brulures et irritation de la gorge.

En cela, la mythologie du gigot-bitume succulent peut leur apporter un soutien, surtout si celle-ci est remise en selle par des élus irresponsables.


[1Réunion, fête où l’on invite des personnes du monde, cocktail mondain.