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Pour parler de la « crise », les patrons de la Fédération du Négoce de Bois et de Matériaux (FNBM), se gobergent (*) au Pavillon Dauphine

mardi 10 décembre 2013, par SUB-TP-BAM RP

(*) Se goberger : Faire bonne chère, faire bombance.

Il y a sûrement des endroits moins « bling bling » pour s’épancher sur les difficultés de la profession, mais nos patrons si éloignés de nos réalités, peuvent-ils l’imaginer ? Pour cette bourgeoisie entrepreneuriale, l’argent leur est du et ils le dépensent sans compter. Même quand ils vont en quémander dans les caisses publiques en période de crise.

Ce n’est donc pas par hasard que la grande soirée des pleurnicheurs se passe dans ce temple républicain situé dans le 16ème arrondissement. Quoi de mieux que ce bâtiment spécialement construit pour rassembler la bourgeoisie "se déplaçant en calèche" dans les quartiers "chics" au 19eme siècle pour rassurer leur descendance du 21eme siècle se pavanant en limousine dans les quartiers d’affaires. Le pavillon a tout pour rassurer ceux qui rongent, un peu plus chaque jour l’os du code du travail.

Le « Saint-Patron » de cette assemblée d’affameurs se nomme Géraud Spire [1]. Ce « triste Spire » s’était destiné aux fonctions d’état par ses études à Sciences Po [2]. C’est lors de sa préparation militaire avant son entrée à l’ENA qu’il reprend la succession de l’entreprise familiale, son père le précédent héritier ne pouvant plus poursuivre. Chef d’entreprise mais ne sachant rien, il poursuivra des études à l’ESSEC, belle façon de lui créer une pseudo-compétence au poste de PDG qu’il n’a acquis que par l’héritage. Un bien bel exemple de la "méritocratie républicaine" de cette élite.

Revenant sur ses débuts dans l’entreprise, « triste Spire » dit "J’ai très vite compris une chose essentielle : le chef d’entreprise doit savoir bien s’entourer de collaborateurs" [3]. Il y a une façon SUB de le dire, "Comme j’étais parachuté par papa sur la place de PDG sans rapport avec mes compétences à ce moment, ce sont les cadres de l’entreprise qui ont fait le boulot à ma place, le temps que je comprenne ce que je faisais là".

Passant donc directement des bancs de l’école au poste de PDG d’une entreprise, il paraît évident que ce type d’énergumène se trouve en droit de nous expliquer la vie (et surtout les sacrifices qui doivent l’accompagner).

Mais trêves de plaisanteries, la conjoncture est morose … ces patrons nous le disent. Comme on le dirait autrement, tout cela n’est pas très gai, et l’on sait comme les patrons aiment à rire. Et quoi de mieux qu’une sauterie de luxe pour privilégiés pour se détendre (budget réunion-mission de la FNBM incluant ces assemblées : 35 996 € en 2010).

Ils ont estimé le recul du négoce bois et matériaux à 5% pour cet exercice 2013, après une baisse de 3,5% en 2012. Et cela ne s’arrangerait pas en 2014. Alors ces grands libéraux déclarent que c’est à l’État de les en sortir. D’ailleurs, la majorité présidentielle est à table représentée par la députée Karine Berger, secrétaire national à l’économie du parti socialiste. Dans son discours d’introduction, « triste Spire » lui passe la commande.

  • une couverture par l’état des impayés de leurs clients
  • le développement des labels pseudo-écologiques permettant de toucher les fonds de la formation professionnelle, véritable subvention financière en développement [4]. La FNBM a touché 58 332 € de l’état au titre de la formation professionnelle en 2010 [5].
  • la casse des normes et règlements
  • la baisse des impôts

Il faut des aides financières, des aides fiscales et des subventions … des sous quoi, venant des taxes, des impôts, qu’il est bien sûr impensable d’aller chercher dans la poche des entreprises car il faut bien sauvegarder l’emploi !!!!

Et "triste spire" de se féliciter de l’aide que les alliés objectifs du patronat, les bonnets rouges bretons, lui apportent pour préserver son profit patronal et dont aucun n’avait été invité à table :

La pluie de taxes que je dénonce depuis deux ans semble avoir été momentanément stoppée par un vent breton et un ras le bol fiscal qui incite maintenant le gouvernement à proposer aux Français et aux acteurs économiques une refonte de notre système global dont on peut se féliciter, en attendant d’en savoir plus [6].

Décidément ces pleureuses patronales françaises (dont vous pouvez voir la prestation dans cette vidéo bricomag) peuvent reprendre la devise des pleureuses professionnelles : les larmes, c’est de l’argent.

Quand on cherche des dindons à plumer, on regarde dans la basse-cour du plus grand nombre.

Une chose est sûre, que ce soit au Pavillon Dauphine ou ailleurs, ils sont peu à se partager la Galette et surtout pas ceux qui la produisent.


[1Pour ceux qui n’en connaîtraient portant ce prénom dans leur entourage immédiat (Seulement 2100 personnes ont porté ce prénom depuis le début du XXe siècle), il faut savoir que : transcription francophone de Gerwald (gar- et -wald qui signifient respectivement "lance" et "gouverner"). Ce prénom fut très répandu dès les premiers siècles de notre ère, chez les nobles et généraux.

[2Son portrait sur Forum Eco

[3Son deuxième portrait sur Forum eco

[4Le fameux label « RGE » lancé en 2011 et qui sera nécessaire pour les installateurs si le particulier veut bénéficier dès juillet 2014 du CIDD (Crédit d’Impôt Développement Durable) ou de l’Eco-prêt, s’étend désormais aux professionnels de la maîtrise d’œuvre réalisant des études (bureaux d’études, économistes de la construction, architectes). Le dispositif s’étend également aux industriels qui forment des artisans et promouvoir la mention « RGE ».

Aujourd’hui, 7.500 entreprises possèdent déjà la mention RGE. L’État pense que 22.500 professionnels de plus sont envisageables. « Avec les organismes de formation et de certification existants, il est possible d’atteindre plus de 18.000 entreprises RGE d’ici mi-2014 ». Pour aller plus loin