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Lettre ouverte au président de la Fédération Française du Bâtiment

jeudi 20 novembre 2014, par SUB-TP-BAM RP

Monsieur Chanut,

Dans le billet "Pénibilité, mensonge et trahison !", vous énumérez un certain nombre de griefs vis à vis de l’action syndicale.

Au delà de la sempiternelle jérémiade patronale dont la FFB, pleureuse parmi les pleureuses, est le fer de lance, nous allons revenir sur votre argumentaire et pas vache, vous donner les solutions aux problèmes que manifestement, vous êtes incapables de comprendre, donc de régler.

Vous prétendez que dans le secteur du bâtiment, la parole donnée vaut tous les écrits. Détrompez-vous, nous, syndicat ouvrier du bâtiment, rencontrons régulièrement vos adhérents au conseil des prud’hommes. Nous savons que leur parole ne vaut rien. Ce n’est que menteries et duplicités. Incapables de tenir parole, incapables de respecter les contrats qu’ils signent, ils ne sont même pas capables de payer les sommes dues dans le cadre des procès que nous gagnons. Nous devons leur envoyer les huissiers aux fesses.

  • Alors peut-être qu’ils ne sont pas dignes de votre fédération. Nous vous ferons parvenir la liste de tout ces menteurs patronaux qui ne respectent pas la probité légendaire de la FFB pour que vous puissiez les exclure de votre fédération.

Vous prétendez que le gouvernement a œuvré en catimini pour passer les décrets sur le compte pénibilité lors de l’été, que ce n’est pas honnête. Mais cher monsieur, depuis plusieurs années, ces gouvernements procèdent ainsi pour favoriser vos adhérents. N’est-ce pas en été les précédentes années qu’on été passés la casse du code du travail, l’accord national interprofessionnel, la fin des normes permettant de faire augmenter les bénéfices de vos adhérents. Ce gouvernement pensait vous faire plaisir cet été. Nous vous trouvons injuste avec vos employés gouvernementaux (mais ceux-là nous ne les syndiquerons pas).

  • Monsieur Chanut, brandissez haut l’étendard blanc du patronat du BTP. Faites en sorte que toutes les lois scélérates concernant le BTP fassent l’objet d’un référendum ouvrier à la rentrée. Vous verrez, les arnaques de l’été seront du passé.

Vous prétendez que le compte pénibilité est une duperie. Nous sommes d’accord avec vous. Nous sommes conscients que de trouver des ouvriers du BTP pouvant prétendre à une ouverture des droits est aussi facile que de trouvez des poilus survivants de la guerre de 14 en 2014. Surtout que la plupart de vos adhérents s’affranchissent de toutes règles professionnelles sur les chantiers. Quand l’ouvrier survit aux accidents du travail, aux matières toxiques, à la poussière, aux vibrations, aux bruits, à l’organisation de chantier, il n’est plus que l’ombre de lui même bien avant l’âge du départ à la retraite, compte pénibilité compris.

  • Effectivement, au lieu de faire compter, comment untel ou untel a été exposé, (et au vu de la difficulté qu’ont déjà vos adhérents à verser les justes montants de nos payes), notre syndicat préconise la fin de ces expositions pour tous. Simplifions. Vous devrez certes un peu rogner vos bénéfices faramineux pour investir dans la protection de vos salariés. Il sera également plus simple d’avancer les départs à la retraite à 50 ans pour tous les travailleurs du BTP. Nul doute que vos syndicats domestiques qui étaient à l’origine de cette individualisation des carrières dans le BTP ont créé une usine à gaz qui va à l’encontre des besoins des salariés du BTP. Ils sont à congédier. Mais ça nous nous en occuperons aussi nous-mêmes.

Vous prétendez que nous, syndicalistes, forçons vos adhérents à frauder la société en ayant recours à l’emploi externalisé et au détachement de salariés. Il semble que la crapulerie de vos adhérents en soient malheureusement plus à l’origine.

  • Si la tache de l’embauche dans le cadre de la loi est impossible à atteindre pour eux, nous vous proposons de nous en occuper nous-même en rétablissant le label syndical et l’embauche syndicale. Nous sommes d’accord avec vous sur les procédures d’embauche sur le sol français trop complexes. Nous vous proposons un choc de simplification, un travailleur = des papiers de manière automatique et l’accès aux même droits sociaux pour tous. Plus de cas par cas, plus de sans papiers, plus d’adhérents de la FFB truandant les lois. Tout le monde y trouvera son compte mais peut-être pas vos adhérents.

Vous prétendez que notre action syndicale va faire exploser le nombre d’heures supplémentaires. Détrompez-vous, ce sont les salaires de misère versés par vos adhérents qui forcent les travailleurs à faire des heures. Car vous n’avez pas l’air de le savoir, mais la majorité de vos adhérents sont des pingres, des radins, des rapiats, des accapareurs. Ils ont des oursins au fond des poches, ils sont anorexiques du porte-monnaie. C’est parce que vos adhérents ne versent pas un salaire suffisant pour vivre que vous voyez l’explosion des heures supplémentaires parmi les travailleurs. Convoquez vos adhérents de la FFB, monsieur Chanut, et faites leur cracher le grisbi dans la timbale salariale. Vous verrez, le problème des heures SUP sera réglé.

  • Mais ne vous inquiétez pas, nous, syndicat ouvrier, nous avons déjà commencé à régler ces problèmes d’heures sup pour vos adhérents. Après des années d’exploitation au forfait jour pour les ETAM, vos adhérents ont cru bon de les arnaquer à la mise en œuvre de l’ANI. Vous aurez bientôt un compte précis des heures sup que vos adhérents avaient "oublié" de payer...

Vous prétendez que notre action syndicale empêche l’embauche d’apprentis. Nous pensons nous que vos adhérents n’aiment pas les jeunes. Vos adhérents sont une caricature de vieux cons comme on n’en fait plus. Vous devriez réagir monsieur Chanut, votre FFB sent le formol. C’est l’hospice de gouyette [1], le cayenne des vieux, sans aucun humour ni second degré. Il n’y a pas un jeune qui s’y retrouve. C’est vrai, les jeunes n’aiment pas qu’on se foutent d’eux, et vos adhérents sont quand même des spécialistes dans ce domaine. Les apprentis sont pour eux des salariés gratuits qu’ils méprisent. Mais un jeune, ça comprend.

  • Votre FFB, n’est pas faite pour eux. C’est pourquoi nous au syndicat, nous les incitons à se regrouper en SCOP, à trouver de nouvelles formes de travail hors du salariat et de votre fédération naphtalineuse. Au syndicat, nos vieux partagent le savoir avec les jeunes. Mais c’est plus facile avec des anciens qui ont travaillé sans profiter, à l’inverse de vos adhérents qui ont profité sans travailler.

Monsieur Chanut, nous nous en tiendrons là. Nous avons juste réagi à la prose de la FFB parce qu’elle est particulièrement mauvaise. Ce n’est pas tant la mauvaise foi de la tirade qui nous a déplu, nous avons l’habitude de ça avec la FFB. C’est plutôt la stupidité du propos, dans le fond et dans la forme. Adversaires, nous préférons ceux de qualité. Au syndicat, on réfléchit, on discute, on argumente. Tout ce qui fait l’échange et la solidarité. On s’élève au syndicat par la parole et la pensée. Mais avec votre fédération, on est frustré. Quand la FFB s’exprime, on sent que son neurone est coulé au plus profond du béton armé. C’est chiant ! On est face à une fédération qui fait glouglou du chapeau. Ça va pas du tout. Notre niveau va baisser si on doit continuer à vous lire. Vous nous tirez vers le bas comme vous tirez l’économie du secteur vers le bas. S’il vous plaît, enfin quoi ! Chacune des communications de la FFB, c’est à se casser des noix dans le crâne. Vous êtes tous overdosés à la camomille ou quoi ?! Monsieur Chanut, c’est vraiment désespérant, arrêtez de tondre la banquise à la FFB. C’est pas sérieux, c’est pas sérieux.

Monsieur Chanut, loin de vos positions dogmatiques, nous en appelons à votre lucidité et à votre cohérence qui, seules, permettront de nettoyer la porcherie qu’est la FFB. Surmonter la crise et de retrouver le chemin de l’emploi ne pourra pas se faire avec les adhérents que vous avez actuellement. Ce sont eux qui plombent l’économie. Si les adhérents de la FFB n’étaient pas biberonnés par l’État à longueur de journée, leurs réalisations tiendraient sur un timbre poste. Au syndicat, nous œuvrons aux prud’hommes pour licencier ces patrons incapables, adhérents de la FFB et vous alléger d’une part du travail que vous devriez faire. En l’état actuel et au vu de son utilité, la FFB sera dissoute à la prochaine révolution sociale.


[1Du film, les vieux de la vieille