DE LA VIE D’UN HOMME A LA RUBRIQUE DES CHIENS ECRASES

France Bleue, radio du service public, nous a informé que samedi dernier un ouvrier a perdu la vie sur un chantier de bucheronnage à Lamarche-sur-Sone (cote d’or).

L’article fait 4 lignes, 52 mots et 247 caractères.
Dans cet article qui ravale l’homme au niveau de la branche qui l’a tué, son auteur parvient même, sans attendre même les résultats d’une improbable enquête, à dédouaner l’employeur de sa responsabilité : « Ce ne sont pas les travaux de bûcheronnage qui sont en cause. Selon un témoignage, un arbre sec qui se trouvait a proximité du chantier s’est cassé, et cet homme a reçu une grosse branche sur le dos. ».{{}}
Ce serait ainsi la faute à la fatalité, les risques du métier … et peut-être même l’irresponsabilité du défunt.

Quelle perspicacité, quel sens de l’a-propos pour ce pisse-copie qui ne s’est assurément pas rendu sur place, qui n’a certainement pas quitté son bureau pour pondre cette abjecte conclusion, alors que l’ on sait pertinemment que se sont : le non respect du périmètre de sécurité, le défaut de formation, le manque de personnel suffisant et de l’absence de contrôle de l’inspection du travail, qui sont le plus fréquemment à l’origine de ce type d’accident.

Au travers de ces 4 lignes, 52 mots et 247 caractères, notre collègue est mort 2 fois. Une première fois lors de cet accident, et une seconde dans cet article de faits divers qui le rabaisse au niveau du chien écrasé.

Nous demandons justice pour cette personne qui était assurément : un fils, un frère et/ou un père, une personne douée de sentiment et de vie, avant d’être sacrifié à la logique du profit.
Nous demandons justice à l’employeur, mais aussi aux médias qui ont ainsi résumé sa vie.