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Encore combien d’accidents sur les chantiers ?

dimanche 4 mai 2014, par SUB-TP-BAM RP

On se rappelle l’accident qui a failli coûter la vie à un de nos camarades, Mohamed, le 5 mai 2008, à Neuilly-sur-Seine. Un mur s’est écroulé sur lui et il est resté plus de 5h sous les gravats. Le Tribunal de Grande Instance de Nanterre a condamné la SAS Générale de Maçonnerie Traditionnelle et son gérant pour manquement aux règles de sécurité, à des amendes avec sursis.

On se rappelle la mort d’un ouvrier de 46 ans sur un chantier de réhabilitation à Merville (Nord), après une chute fatale. Le Tribunal de Dunkerque a condamné la société civile immobilière (maître d’ouvrage), l’entreprise en charge des travaux, ainsi que les 3 responsables des travaux à des amendes avec sursis. Lors de l’audience, les avocats de la défense chargeaient la barque sur l’ouvrier mort. L’ouvrier responsable de sa propre chute, c’est le monde à l’envers !

L’Inspection du Travail qui s’était rendu sur les lieux aussitôt après l’accident avait pourtant pointé une série de manquements concernant les règles de sécurité et sur les obligations en matière de prévention contre les risques [1].

On se rappelle également la mort d’un ouvrier de 37 ans le 24 janvier 2011 sur le chantier du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche). Le Tribunal correctionnel de Cherbourg a condamné Bouygues Travaux Publics, responsable de la coordination de la sécurité du génie civil sur le chantier, pour homicide involontaire à 75 000€ d’amende. Un sous-traitant, l’entreprise Tissot, propriétaire de la passerelle de laquelle l’ouvrier a chuté, a été condamné pour sa part à une amende de 35 000€. Lors d’une expertise des passerelles de la société Tissot, 26 irrégularités avaient été relevées lors, qui ne disposaient de dispositif anti-soulèvement. [2]

On se rappelle également la mort d’un ouvrier de 39 ans à Salies-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) le 27 février 2013, écrasé par un mur. L’entreprise CMB et son gérant ont été condamnées pour "une négligence ou un manquement" aux obligations de sécurité. Le gérant écope de 8 mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve. L’amende a été fixée à 10 000 €, dont la moitié avec sursis [3].

On se rappelle également la mort d’un ouvrier de 26 ans à Bordeaux le 17 octobre 2013, écrasé par un bloc de pierre sur un chantier de démolition sur le cours Pasteur [4].

L’actualité s’accélère malheureusement, pour les travailleurs du BTP. En tous cas, elle n’est pas plus rose.

Sur un site d’Airbus à Colomiers, une nacelle d’un hall de peinture, supportant 4 ouvriers peintres à 10m de hauteur, s’est effondrée le 24 avril matin. 3 d’entre eux sont à l’heure actuelle entre la vie et la mort. Déjà à Colomiers sur le même site, un ouvrier du bâtiment avait succombé en mars 2010 suite à une chute d’une nacelle [5].

On ne compte même plus les morts au Qatar ou au Brésil, pour les mascarades capitaliste appelées "Coupe du Monde de football". Déjà 7 ouvriers sont morts sur les chantiers des stades de foot au Brésil. Dernier cas en date : à Sao Paulo, un ouvrier a perdu la vie lundi 31 mars après une chute de 8 mètres. D’après l’enquête préliminaire menée depuis, il s’avère que cet ouvrier n’était pas attaché à un câble de sécurité [6]. Et n’en déplaise à Platini, une coupe de foot ne vaudra jamais la vie d’un ouvrier et les "troubles sociaux" brésiliens ne sont une conséquence des lois d’exceptions imposées au Brésil par la Fifa [7].

On ne compte même plus les travailleurs népalais, véritables esclaves, morts sur les chantiers au Qatar ! A l’heure actuelle, plus de 1300 ! [8]

Combien de morts devrons-nous encore pleurer avant que les dispositions relatives à la sécurité des travailleurs sur les chantiers soient effectivement appliquées ? Accident du travail = terrorisme patronal !

Ne nous leurrons pas ! En aucun cas, ces évènements tragiques ne doivent être perçus comme inhérents à nos métiers, et jamais le droit bourgeois ne sera une garantie de justice sociale pour la classe ouvrière. Jamais le droit des juristes ne sera la contrepartie à la difficulté des métiers du BTP, à la mutilation et l’exploitation des travailleurs. Que représentent 300 000€ pour une famille qui a perdu un père et un mari ?

Nous utilisons et revendiquons en tant que syndicat révolutionnaire le droit, dans la construction de la société que nous souhaitons, et dans laquelle se retrouvent les travailleurs du BTP organisés en syndicat d’industrie.

Notre accès à la santé et la sécurité garanti sur les chantiers ne pourra pas être gravé intégralement dans le marbre, des codes ou règlements. Notre accès à la santé et la sécurité sur les chantiers se construit aussi par les travailleurs eux-mêmes, dans une dynamique solidaire visant à définir ce que nous voulons, comment et avec quelle maîtrise des menaces pour notre sécurité et notre santé.

Sinon, nous pourrons continuer à attendre les obscènes chiffres annuels produits par Le Moniteur, pour savoir si le "nombre de journées perdues" pour le patronat et son manque à gagner soient sont en diminution...


[1La Voix du Nord, 15/04/2014

[2Libération, 08/04/2014

[3La République des Pyrénées, 25/04/2014

[4Sud Ouest, 15/04/2014

[5France 3 Midi-Pyrénées, 24/04/2014

[6Spacefoot, 01/04/2014

[8IBB, 17/04/2014