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Parait que l’apprentissage dans le BTP ne fait plus rêver ! Les patrons en pleurent... moutarde ou culpabilité ?

jeudi 10 septembre 2015, par SUB-TP-BAM RP

Dans un moment où chacun essaye d’évacuer le souci d’aller au Chagrin [1], la douleur du tripalium [2], en sombrant malheureusement parfois dans le mirage estival d’une consommation excessive qui les ramènera inexorablement à rapidement reprendre le collier [3], le Ministère du Travail au travers de la Dares [4], nous livre la partie immergée de ses statistiques.

Même si ce ministère a perdu son très social-libéral ministre Rebsamen, reparti assaisonner la fleur de moutarde dans sa mairie de Dijon (enfin presque), ça n’empêche pas les chiffres de la DARES de piquer les yeux.

D’après cette dernière, le nombre d’apprentis s’étant engagés dans le secteur du bâtiment a chuté en 2014 de 12,2% (environ 44 500 jeunes), après une baisse de 13,2% en 2013 (environ 50 800 jeunes).

Cela ne va pas aider nos carpettes gouvernementales à la solde du patronat qui se sont fixé l’objectif de 500 000 apprentis en 2017. Heureusement que l’adage qui dit : les promesses n’engagent que ceux qui y croient » reste le credo de nos politicards professionnels.

Perdre sa vie … avant de la gagner

Depuis le 1er mai dernier, il est possible d’affecter un apprenti sur certains travaux dits « dangereux » (travaux en hauteur ou au contact de machines) [5].

La simplification qu’ils disent … On parlerait plus volontiers de mutilation, comme le dit l’un des couplets de la chanson de notre syndicat [6] :

« Ecoutez-les nos voix qui montent des ateliers

Nos voix de prolétaires qui disent y’en a marre

Marre de trimer pour un salaire de misère

Et finir l’corps brisé

Avant l’âge de la r’traite

Danger, précarité sont notre quotidien

Vous comptez vos profits, on compte nos mutilés

Regardez-nous vieillir sous les intempéries

Patrons regardez-nous,

C’est la grève qui commence. »

Les singes en voulaient, le gouvernement leur à donné.

Jusqu’à cette date, il était interdit d’affecter les jeunes, de moins de 18 ans, à des travaux en hauteur lorsque la prévention du risque de chute n’était pas assurée par des mesures de protection collective.

Où allait se nicher (c’est le cas de le souligner) la protection des minots !

N’y pensons plus, nos énarques, qui n’usent (au mieux) que leur fond de culotte, ont résolu le problème. « Egalité » a dit la République : on pourra dès 16 ans conduire sa vie … en fauteuil roulant.

Il en va de même pour le travail sur machine ; Et si le jeune y perd ses doigts … Ca lui évitera de se rouler des joints (le p’tit salaud).

Avec cela, on aurait pu croire les singes repus, mais que nenni. Deux cuillères à soupe de moutarde forte et les revoilà partis pleurer.

Ces derniers, sur les mêmes principes de Liberté (d’exploiter) et d’égalité (en oubliant de parler d’égalité pour les payes) réclament encore que les apprentis puissent être soumis à l’extension du temps de travail et aux heures supplémentaires.

Pourquoi en effet, laisser ces jeunes désœuvrés faire chier le monde, à pas d’heure, en bas des cités !

Fraternité

Que les jeunes n’aient pas l’envie de subir cela, ne nous étonne pas. C’est même plutôt réconfortant.

Et c’est bien dans un élan de Fraternité, d’une franche et bonne Camaraderie, que nous les invitons à se syndiquer le plus tôt possible, pour défendre pied à pied leur intérêt de classe, leur envie de vivre libres dans l’égalité devant un bien-être à partager.

La vieille CGT des origines ne disait pas autre chose :

Bien être – Liberté – Solidarité


[1Le travail coûte de la peine, au point que les fourmis humaines qui creusaient les galeries dans le sol borain se préparaient à aller, avant l’aube, "au chagrin", c’est à dire "au charbon". le mot "chagrin" viendrait d’un mot du bas allemand qui signifierait : refuser le partage des labours... le chagrin serait-il l’attitude maussade de mécontentement du travailleur insatisfait par son sort... ou par la tâche (la servitude) qui lui est assignée ? Pardi, de la tristesse nous passerions subrepticement à la lutte de classes !

[2le tripalium est, pour le Romain, un instrument de supplice, dont dérive le terme " travail " désignant l’outil de contention familier aux éleveurs. La " trabicula ", petite travée, poutre, désignant un chevalet de torture : (trabiculare signifie " torturer " et " travailler ", au sens, de " faire souffrir "). c’est dans cette acception que s’utilise en ancien français le terme " travailler " et cela jusqu’au 12e et 13e siècle, et s’applique non seulement aux suppliciés, ou aux femmes en proies aux douleurs de l’enfantement, mais aussi aux agonisants. L’enfantement étant un " travail " non pas parce qu’on y reproduit la vie, mais en raison des douleurs de l’accouchement, au cours duquel sans doute, on devait - si elle était trop forte - immobiliser la mère...

[3reprendre le collier au sens de la pièce de harnais mise autour du cou des bêtes de trait rappelant les efforts que ces animaux faisaient pour tirer leur charge.

[4La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) – Ministère du Travail

[5Le singe doit réglementairement en faire la déclaration à l’inspection du travail. En cas de problème ou de litige prud’homal, ne pas oublier au singe d’en produire la preuve. Attention cependant cette « déclaration » n’est pas nominative mais par lieu de travail. L’apprenti doit avoir été formé à gérer des situations dites dangereuses, que ce soit en CFA ou en entreprise, et sa formation doit avoir été évaluée.

[6« Les Gars du Bâtiment »