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Pour Laurent Berger (CFDT), un des bénéfices de la loi travail est la lutte contre les travailleurs.

jeudi 26 mai 2016, par SUB-TP-BAM RP

Le soutien de Laurent Berger patron de la CFDT au gouvernement transmis par le Parisien et commenté par le SUB.

Êtes-vous étonné par l’aggravation de la contestation de la loi Travail ?

BERGER. Non, pas particulièrement. Je pense qu’il y a un jeu de posture de plus en plus marqué entre la CGT et le gouvernement et que ce face-à-face ne permet plus de traiter du vrai sujet de cette loi qui est le travail.

Commentaire du SUB : Ce n’est pas le jeu de posture, car il y a un désaccord profond entre le monde salarial et les élus politiques du capital. Il ne s’agit pas ici de jeux de communication mais bien d’un fait de société. Mais il est normal que la CFDT petite bourgeoise ne puisse plus sentir le vent de la colère populaire car sur le terrain, elle ne représente plus que l’encadrement supérieur et ses élus ne défendent que les intérêts patronaux.

LE PARISIEN. Le gouvernement est responsable de cette dégradation ?

BERGER. En partie bien sûr. Et ce, dès l’origine avec une première version totalement déséquilibrée et à laquelle les syndicats n’avaient pas été suffisamment associés. Heureusement que la CFDT a pesé pour une profonde réécriture du texte.

Commentaire du SUB : D’entrée de jeu, le gouvernement a pu compter sur ses sous-fifres de la CFDT, la lutte n’a pas du être bien âpre. Préférez un syndicat comme le SUB indépendant des sectes politiques et qui pratique la charte d’Amiens.

BERGER. Ensuite, le gouvernement a péché par une absence de pédagogie qui a laissé la voie libre à toutes les intoxications et à tous les radicalismes, de la CGT à l’extrême gauche. Le gouvernement n’a pas assez explicité tous les nouveaux droits qui étaient ouverts aux salariés, le compte personnel d’activité, la garantie jeunes mais aussi une protection renforcée pour les femmes de retour de maternité, la lutte contre les travailleurs « détachés » ou encore contre le sexisme en entreprise. Renoncer à cette loi serait renoncer à tous ces droits, ce qui serait inacceptable.

Commentaire du SUB : Retenez bien ça, une des avancées de la loi travail selon Laurent Berger est "LA LUTTE CONTRE LES TRAVAILLEURS". Il dit détachés ne manquerons pas de nous signaler certains. C’est encore pire. On est proche de la rhétorique FN et même si l’on ne peut taxer de racisme la CFDT avec cette unique parole, il est clair que ce syndicat est à fuir quand on est sans papier ou travailleur étranger. Ce n’est pas là qu’on trouvera du soutien.

Préférez le SUB qui est un syndicat internationaliste qui protège tout les travailleurs et travailleuses contre le patronat globalisé mondialement.

Quand au compte personnel d’activité, il va finir comme la pénibilité. Reporté indéfiniment. L’accord CFDT pénibilité devait être applicable au 1er janvier 2015, quelques éléments l’ont été mais la plus grosse partie incluant le BTP a été repoussée au 1er janvier 2016 et maintenant au 1er juillet 2016 avant d’être repoussée encore. Préférez le SUB, un syndicat qui ne signe que des accords contraignants pour le patronat et pas des accords de promesses patronales jamais tenues ensuite.

LE PARISIEN. La CGT s’oppose à la priorité donnée aux accords d’entreprise sur la convention collective ou sur la loi...

BERGER. Il y a beaucoup de fantasmes dans tout cela. Ce changement de hiérarchie ne touche ni le smic, ni les salaires, ni les règles de sécurité. Il ne concerne que l’organisation et le temps de travail et rien d’autre.

Commentaire du SUB : Toucher au temps de travail est toucher au salaire. Quand on est payé 35h et qu’on va travailler 39h payées 35h, cela fait 4 heures de travail qu’on donne au patronat. Ce temps du travail pour la gueule du patron et qu’on retire à nos familles. C’est du bénéfice fait sur notre dos à 100%. Ce travail gratuit, c’est des heures d’esclavage qui en plus nous mettent en danger sur les chantiers car ça réduit le temps de repos et favorise les accidents. Déjà sur les chantiers, le patronat se torche avec les accords CFDT.

Vous ne risquez pas de rencontrer un militant CFDT pour faire respecter ses accords sur les chantiers, ils n’y vont jamais. Préférez le SUB, un syndicat qui a des adhérents qui savent ce que veut dire travailler sur un chantier.

BERGER. Même dans ces domaines, les salariés resteront protégés par les règles actuelles sans accord majoritaire. Si la priorité est donnée aux accords d’entreprise, ce n’est pas pour faire moins pour les salariés mais mieux en apportant une réponse plus ajustée et plus efficace. Les opposants à cette loi ont peur de quoi ? De l’expression des salariés ? Mais les syndicats consolideront leur pouvoir de négociation pour répondre aux préoccupations des salariés au plus près de leurs réalités. Des règles uniformes ne protègent pas mieux des salariés qui se trouvent dans des situations différentes.

Commentaire du SUB : Et certainement pas par la CFDT qui signe à tour de bras ces accords locaux.

Il existe d’autres accords et chartes signés par la CFDT en local, souvent sous le sceau du chantage et qui à termes n’ont rien sauvé du tout. Les sites ayant survécus le plus longtemps sont ceux qui ont résisté, pas ceux qui ont signés des accords qui de toutes façons ne sont quasi jamais arrivés au terme garanti.

C’est toute la pauvreté du dialogue social des partenaires sociaux. C’est ce qu’on pratique quand on est une locomotive de la collaboration qui n’a rien dans le cul et qui cire sur les rails réformistes de la parlotte. Préférez le SUB, un syndicat qui a participé à toutes les manifs du mouvement et plus, même s’il a le tord de ne pas assez s’en vanter. Dans l’action, on parle pas trop.

LE PARISIEN. Mais la CGT semble déterminée à aller jusqu’au bout...

BERGER. Aujourd’hui, le débat s’est figé mais la CFDT continuera à tenir son rôle qui est de défendre les salariés et donc de défendre cette loi. Le rapport de forces n’est pas seulement dans la rue, il est aussi dans les entreprises où la CFDT gagne du terrain en termes d’adhérents ainsi qu’aux élections professionnelles.

Je n’ai pas peur des vociférations de l’extrême gauche, quels que soient ses porte-voix. Je fais le pari de l’intelligence collective qui consiste à construire des compromis équilibrés. Si l’on préfère miser sur l’extrême gauche en lui accordant une place surdimensionnée à un moment où par ailleurs le FN prospère, ce sera la porte ouverte à l’hystérisation, la fragmentation et la radicalisation de notre société.

Commentaire du SUB : Heureusement que ce temps arrive à sa fin. Faut pas rêver le Berger, ce regain de la CFDT est du à 2010 et son image mensongère de résistance. Mais à force de faire, non pas des compromis mais des compromissions sur le terrain...

Comme en 2003, les collabos de la loi travail vont voir les cartes CFDT se déchirer par milliers. Le prolétaire ne peut s’affilier à cette succursale du MEDEF que s’il est victime d’escroquerie sur la marchandise. Une fois de plus, les nouveaux venus ont été attirés par la lumière palote du raisonnable bourgeois. Et dans cette pénombre qui peut paraitre douce, leurs espoirs ont vite été cassés par les prédateurs sociaux-démocrates de la CFDT.

Voici venir le temps pour la CFDT où ses cadres SUP et patrons affiliés se chargeront de l’intérim d’un bâtiment vide en attendant de dépouiller une nouvelle cargaison de travailleuses et travailleurs à chair fraiche.

Rigolons un peu de la version 2016 CFDT du vote utile du Parti socialiste de 2007 contre l’extrême droite. On voit ce que ça donne. Bientôt un Moi Je, président élu CFDT, je ferais....pas grand chose sur le terrain.

Préférez le SUB, un syndicat de classe ou les adhérents et adhérentes sont solidaires et fraternels. Un syndicat qui n’hésite pas à faire fermer des boites de merde tenues par des baltringues de patrons pour l’intérêt des travailleurs et travailleuses. Les machines sont à nous, le savoir-faire c’est nous, les patrons et ses négociateurs affiliés de miettes ne sont rien.

LE PARISIEN. Le gouvernement affirme qu’il ne retirera pas la loi. Vous en doutez ?

BERGER. Qui sait ? Mais je le dis avec force : il est hors de question que le gouvernement renonce à ses engagements, que ce soit en retirant la loi ou en la vidant de sa substance. Ce serait un coup dur pour les salariés car ils perdraient le bénéfice des nouveaux droits reconnus par le texte.

Commentaire du SUB : Ce n’est certainement pas un coup dur de perdre ces nouveaux droits qui ne seront jamais mis en œuvre par les cire-pompes de la CFDT. Et si on met en face les droits des travailleurs et des travailleuses qui sont en train d’être supprimés, l’équilibre est clairement à l’avantage des anciens droits. La CFDT est incapable de créer des droits sans en vendre d’autres au patronat, c’est le syndicat du replis et du renoncement.

Je tire la sonnette d’alarme aussi vis-à-vis des organisations patronales à qui je dis qu’il est temps de dialoguer mais aussi vis-à-vis des autres centrales syndicales. Le monde actuel n’est pas un monde idéal : la précarité et les difficultés vécues par les salariés y sont grandes. La loi El Khomri est faite pour corriger ces injustices car le dialogue social peut garantir un progrès social grâce à des syndicats engagés. La CFDT y est prête.

Commentaire du SUB : Nous laisserons la CFDT tirer des sonnettes d’alarme comme elle le fait sur le terrain. Beaucoup d’alarmes, beaucoup, beaucoup de sonnettes d’alarme. Aucune action en face. C’est ça les dialoguant sociaux, ça parle, parle, parle et fait rien, ça sert à rien. Nous laisserons Berger dans son accompagnement des intérêts patronaux. Nous le laisserons guider la CFDT vers le blabla progressiste du parti socialiste, vers un engagement syndical vide de sens ouvrier, un syndicalisme sans dent mais à grosse langue si chère au derrière de François Hollande.

Pour le SUB, notre horizon politique d’une société sans patron ni chef a déjà tracé l’avenir de la CFDT qui est un syndicat de chefs servant les patrons, la désertion de tous ses adhérents.