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Le management participatif se fera sans nous. Et on en est fiers !

mercredi 14 octobre 2015, par SUB-TP-BAM RP

Nous sommes actuellement confrontés à une phase de réorganisation de nos services. Celle-ci s’appuit sur la soi-disante collaboration des personnels. Ils sont fortement sollicités à participer à des groupes de travail à la mode du management participatif.

Le management participatif – qu’est ce que c’est ?

Le management participatif nous convie à quitter le modèle hiérarchique pour travailler de manière transversale... sur le papier.

Ce management ne met aucun terme à la domination sociale et hiérarchique. Il en renouvelle simplement les formes. Les directions de l’administration s’engagent dans cette autre voie de management pour accélérer la flexibilité du personnel et accroître la charge de travail et ainsi poursuivre les réductions d’effectifs et de moyens.

Le management participatif consiste à créer un volontariat des personnels visant leur acceptation de l’exploitation et son accélération.

L’ambiguïté de ce concept repose sur la confusion entre performance et pouvoir de décision. Le management participatif ne traite que de la performance. Il repose sur l’intériorisation des conflits et l’adhésion au système. Dans ce management, nous devons nous « motiver », devenir « force de proposition », devenir « autonomes » et « prendre des responsabilités » sur nos tâches. Il cache les logiques de pouvoir dans l’organisation du travail en manipulant le sentiment individuel. Sans jamais parler de la rétribution.

Le projet stratégique de direction est réalisé en petit comité et les personnels ne sont pas autorisé à y intervenir. Il sera divulgué au dernier moment et ce sont les groupes de travail qui devront s’y adapter. Pas l’inverse. Pour notre section syndicale, c’est quand nous élaborerons nous-même ce projet stratégique que nous améliorerons nos conditions de travail car c’est à ce niveau que se situe le vrai pouvoir de décision.

Le management participatif, des séances de congratulation au début...

Pourquoi refuser de participer au management participatif

Beaucoup des participants aux groupes de travail pensent que la démarche doit aboutir à une production. L’usage qui a été réellement fait du précédent projet stratégique et des projets de service associés montre que ce ne sont pas des textes fondamentaux.

Pour notre section syndicale, ce n’est pas en participant à ces groupes qu’on peut avoir une quelconque influence sur la structure de nos services décidée en amont. Le but est à chercher dans la démarche elle-même. C’est un processus de sélection de l’encadrement de catégorie A. Il s’agit d’abord de trouver les relais hiérarchiques aux décisions de direction.

C’est pour cela que l’organisation de ces groupes repose sur un appel à volontaires, qu’on nous précise « motivés ». La sélection est déjà commencée, ne pas y participer est déjà être classé. Lors de ces groupes, la sélection va s’affiner. Pendant que vous travaillerez dans une réflexion périphérique qui traite d’outils ou de relations dans un existant, un participant n’oubliera pas de vous étudier vous : c’est le consultant.

Le management participatif n’est pas destiné aux catégories non cadres qui vont être très rapidement mis en minorité dans les groupes. Le vrai objectif est la cooptation de l’encadrement intermédiaire par la direction. Pour aller plus loin sur la compréhension des groupes de travail, il faut s’intéresser aux cercles de qualité en entreprise [1].

...mais attention au réveil !

Notre syndicalisme à l’épreuve du management participatif

Ce management participatif est fondamentalement opposé à notre syndicalisme d’action directe (où chaque travailleur décide directement de son action de production au sein de son syndicat d’industrie). Notre syndicalisme est un outil de mutualisation des moyens de lutte et de solidarité, le management participatif est un outil local de collaboration inter-hiérarchique et de sélection du personnel, au seul bénéfice des directions.

Le management participatif mène à terme à un syndicalisme de coopération qui fait passer l’intérêt de la structure avant celle des travailleuses et travailleurs, acceptant l’augmentation des charges de travail, la suppression des 35h et tous les reculs au nom d’une logique de profit non partagé.

Dans nos services, ce management participatif a été pensé pour affaiblir les syndicats siégeant au comité technique. Ils seront sommés de valider après coup, des documents soi-disant co-écrits par le personnel. Les catégories non cadres sont conviées à participer aux groupes pour grossir le nombre de participants rendant ainsi plus difficile aux organisations syndicales réformistes de s’opposer aux restructurations dans les structures de dialogue social [2].

Alors même que des suppressions massives d’effectifs et de budget sont décidées aux échelons supérieurs du ministère pour 2016, nous réaffirmons que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Nous vous invitons donc à défendre vos intérêts au sein de notre syndicat plutôt que dans les structures pièges de l’administration.

Nous refusons cette stratégie imposée comme préalable à l’établissement des projets de service. Les militants de la section CNT-SUB-EAL ne sauraient participer à cette démarche.


Voir en ligne : 3 exemples de positionnement syndical dans le management participatif.


[1L’histoire véritable des cercles de qualité cinq ans d’enquête : Thèse Françoise Chevalier HEC chapitre 3

[2Une autre tactique patronale est d’ouvrir des groupes dit miroirs donnant une place à des experts individuels syndicaux lors des groupes de travail. Ayant participé, une vraie critique n’est plus possible.