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Loi Macron 2 : Prime aux patrons voyous

mercredi 10 juin 2015, par SUB-TP-BAM RP

Selon la logique néo-libérale du gouvernement et des médias, les jugements de prud’hommes feraient risquer la fermeture des sociétés en France.

Pour le Syndicat Unifié du Bâtiment, faire fermer ces sociétés est une vertu. Couler les boîtes que nous poursuivons au prud’hommes n’est pas quelque chose qui nous empêche de dormir. Au contraire, nous en tirons une certaine satisfaction et une fierté certaine. Au SUB, pas de pitié pour les patrons margoulins, et plus vite ils débarrassent la scène de la construction, mieux elle se portera.

En effet, nous sommes confrontés à un patronat qui truande. Il n’a pas à être sauvé au nom de l’emploi ou de la croissance. Dans le débat qui secoue le plafonnement des amendes et indemnités aux prud’hommes, il est oublié de mentionner que ce patronat mis en accusation et condamné a réellement fraudé.

Oui, ces patrons sont des voleurs, et pas seulement de nos camarades salariés chez eux. Ce sont aussi des voleurs qui pillent les caisses sociales.

Même d’un point de vue patronal, même de celui des patrons ultra-adeptes de la main invisible du marché, la condamnation de ces voyous en costard d’entrepreneur devrait donner lieu à des festivités. Ce sont bien ces condamnés aux prud’hommes qui introduisent une concurrence déloyale sur le marché de la construction, ce sont eux qui mettent en péril l’économie de la branche BTP.

En dehors des cotisations sociales fraudées, ils utilisent toutes les fourberies pour spolier les salaires et user du travail illégal à leur profit. En profitant de la précarité des travailleurs, ils peuvent gagnent les marchés en étant moins disant. Mis bout à bout, ces patrons voyous condamnés aux prud’hommes mettrons sérieusement mettre à mal toute la filière du BTP s’ils restent en activité.

Et nous ne parlons pas encore des filières de gangsters mises en place par ce type de patrons dont l’eldorado est le salarié détaché.

Il est de notre devoir de syndicaliste de curer cette gangrène. Quand nous mettons hors jeu une société délinquante, c’est nos camarades spoliés que nous protégeons mais aussi par ricochet les sociétés qui suivent la loi et toute la filière BTP. Les patrons qui suivent les règles devraient nous en remercier de faire le ménage à leur place. Malheureusement, ceux-ci sont incapables de comprendre leur intérêt aux prud’hommes pour contrer la concurrence sauvage de mafieux.

Il est courant de rencontrer dans nos dossiers des sociétés qui se dissolvent dans la fraude fiscale (estimée entre 20 et 25 milliards d’euros). Elles n’ont donc pas besoin de nous pour se fermer et elles savent bien se liquider pour laisser des dettes aux fournisseurs, des chantier à malfaçons pour les commanditaires et des impôts impayés à la collectivité.

A entendre les partisans de la nouvelle loi Macron, ce serait les travailleurs les voleurs. Les sommes touchées par les travailleurs seraient indues. Mais Les résultats des jugements prud’hommes sont rarement du total de ce que l’on demande pour les camarades en litige et on a les plus grande difficultés à récupérer l’argent après le jugement (Une bonne réforme aurait été de faire payer à la sortie du bureau de jugement).

Les montants des compensations ne sont que l’expression partielle de ce que les condamnés aux prud’hommes ont volé aux travailleurs. Et elles sont loin de valoir ce que les patrons voyous ont gagné en fraudant.

La plupart des boîtes que nous rencontrons sur les bancs des prud’hommes ne sont pas des sociétés mais des succursales du crime. Nous voudrions bien pouvoir couler toutes ses boites d’un claquement de doigts et nous n’allons pas pleurer si nous parvenons à supprimer quelques boites parmi les plus vicieuses !

La croisade personnelle d’Emmanuel Macron contre les prud’hommes n’a pour but que de protéger le patronat voyou au détriment de patrons qui respectent les règles et va contre l’intérêt des travailleurs.

Sa mesure de plafonnement des indemnités est l’autorisation de frauder donnée par le pouvoir public au patronat délinquant. Même si Emmanuel Macron enrobe la réalité en se disant servir l’intérêt général [1], c’est bien le crime qu’il sert et l’économie honnête qu’il combat.

Ce banquier d’affaire évite bien de faire le ménage dans la pègre de la finance dont il a tiré sa fortune. Pourtant, c’est le refus des banques d’accorder le crédit qui est aujourd’hui le principal problème des boites loin devant les prud’hommes.

Pour le gouvernement Hollande, l’honnêteté n’est surement pas le premier mot qui nous vient à l’esprit pour le qualifier. Ne serait-ce que le privilège aéronautique pour un match de foot du premier ministre Valls.

La loi Macron 2 ne sera pas votée mais une nouvelle fois passée de force par l’article 49.3 au mépris de la démocratie fusse-telle représentative. Rien de plus normal pour une loi totalement en faveur de voyous conçue par des escrocs.

Pour notre part, nous continuerons à trancher dans le gras patronal corrompu tout ce qu’on pourra prendre. Nous continuerons à aider chaque ouvrier du BTP à préparer sa saisine prud’hommes gratuitement lors des permanence syndicale et à défendre les adhérents de notre syndicat en bureau de jugement. Et la survie de ces boites de voyous ? Elle ne passera pas par nous.

Portfolio


[1France inter, 10/06/2015