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Le BTP dans les dramas japonais

mercredi 25 février 2015, par SUB-TP-BAM RP

La classe ouvrière du BTP n’apparait pas dans les séries télé françaises, même pas sous une forme dévoyée. Elle est l’invisible de ce type de média. Mais alors que les producteurs subventionnés français effacent les travailleurs de leurs épisodes, d’autres pays en font les personnages de leurs fictions comme au japon.

Nous allons nous pencher ici sur le drama japonais de type renzoku, qui est le format de série télé japonais le plus courant. Les saisons TV sont plus courtes car elles se calent sur les saisons naturelles. Il existe les dramas de printemps, d’été, d’automne et d’hivers. Elles font une dizaine d’épisodes en moyenne.

Les séries sont souvent marquées par la morale bourgeoise de la société et les japonaises le sont autant que celles françaises et américaines. Les dramas japonais sont également teintés d’un appel à la collaboration de classe aux travers de personnages stéréotypés, ce qui est une plus particulier au pays. Il n’est pas rare d’y voir les exploiteurs et exploités finir la main dans la main dans un monde où tout le monde est beau et gentil, même le pire patron.

Les syndicats n’apparaissent jamais dans ces productions, faut pas trop en demander (Mais avez-vous déjà vu une série télé dans le monde mettant en scène des syndicalistes ? Jamais).

Si la représentation de la classe ouvrière illustre souvent le propos et le préjugé bourgeois au sein d’une même série japonaise, en particulier les codes hiérarchiques de classe de la société nippone, la vision d’ensemble des dramas ne nie pas son existence. Elle n’est pas toujours que décorative et participe parfois du déroulé de l’histoire principale, même si le plus souvent, il s’agit de la transgression de classe du personnage ouvrier, équivalent du rêve américain à la japonaise.

Les ouvriers du BTP sont représentés au travers de stéréotypes dans ces productions télévisuelles. Par exemple, le manœuvre de chantier est un travailleur pauvre parfois même sans abris mais bon gars et honnête et qui s’en sort en travaillant. Les promoteurs sont des affairistes avides toujours en quête de démolition, qui sont à la fin repentant. Les architectes sont le bon parti à marier et représentent souvent les tombeurs dans les séries romantiques. Des clichés en pagaille mais qui n’humilie et ne rabaissent jamais. Ces séries ont un pour but de faire adhérer la classe ouvrière japonaise à un modèle bourgeois. Elles flattent.

C’est pour cette raison que les conditions de travail sont même représentées. Les embauches et licenciements à la tache (légal au Japon) de manœuvres, leur précarité, les fins de journées harassantes, le travail physique et même le travail des immigrés font partis des scénarios.

Des scènes présentent les accidents du travail sur les chantiers. Avez-vous déjà vu des chutes ou des malaises d’ouvriers sur les chantiers dans les séries françaises ? Dans les séries japonaises, c’est le cas.

Dans ces séries, l’ouvrier s’en sort souvent par son travail et son honnêteté mais sans jamais de remise en cause de la société. Bien loin de la réalité. Il ne faut pas attendre non plus l’impossible d’une série télé, qu’elle soit japonaise, américaine ou européenne et notre intention n’est pas dans cet article de faire l’apologie de séries TV mais de partager autre chose.

Car au syndicat, peut importe ce que l’on regarde, tout est dans la manière de regarder. Entre le mépris effaceur de la télé française et la flatterie japonaise, ça vaut peut-être le coup d’être un peu flatté de temps en temps.

Voici une petite sélection de séries japonaises pour un peu de dépaysement.

Une série sur des personnes qui se rencontrent sur le quai d’une gare et ont vécu en commun d’avoir des pulsions suicidaires.

Un des trois personnages est un plâtrier qui ne veut plus faire de plâtre de construction mais un travail plus artistique. Petit-fils du patron d’une boite de BTP familliale, son père a refusé la succession. Il se retrouve donc à subir son grand-père, patron autoritaire, qui le brime en permanence et l’enferme dans sa propre vision du travail. C’est la série qui évolue le plus dans le milieu du BTP même si l’intrigue repose sur les relations des trois personnages principaux.

Mais il vaut mieux ne pas commencer les dramas par celle-là car c’est la plus typée. Elle est ardue à appréhender. Lente, pleine de sous-entendus, chargée culturellement, elle peut vite devenir chiante du fait de nos manques de références et de repères. C’est une série abordée de manière plus réaliste que la moyenne des dramas.

Mettant en scène une inspectrice du travail plutôt psycho-rigide (elle se met souvent à grogner contre les patrons voyous), ce drama rappelle bien la différence entre l’inspection du travail et le syndicalisme (en creux car totalement absent de la série). L’un est basé sur le respect des lois, l’autre sur la solidarité des travailleurs. Plusieurs fois le rôle de l’inspection en tant que conseil et protection pour les entreprises (pas au sens corruption) est mentionné par la hiérarchie.

Le troisième épisode est consacré à une chute d’échafaudage et est réaliste dans la réaction des protagonistes. Une bonne partie des autres épisodes se passe dans le milieu de la restauration et de nombreux épisodes tournent autours des heures supplémentaires non payées, interdites à l’inspection du travail pour donner l’exemple.

Kurumi, une femme de 35 ans, perd tout quand son fiancé s’enfuit avec ses économies. Avec quelques euros en poche comme toute fortune, elle commence à travailler sur un chantier de construction. Fraternisant avec les ouvriers au moment de la pause repas, elle commencera à leur préparer les bentos [1] et grâce à leur aide, prendra un nouveau départ.

Ce drama met en scène les relations entre un architecte travaillant à la production de maisons individuelles, vieux garçon, arrogant, maniaque, mesquin et radin et son médecin féminin, cherchant un nouveau souffle après s’être consacré au travail.

C’est une comédie légère sans prétention. L’interprétation d’Hiroshi Abe, dans le role de l’architecte est excellente. Critiquant son concurent, un playboy-archi qui ne produit rien et drague beaucoup, il se bat aussi constamment sur les chantiers avec le menuisier lors des constructions.

A conseiller à tout les archis....qui ont de l’humour sur leur profession.

Cette série se concentre sur les enquêtes d’une branche du trésor. L’héroine principale, un peu loubarde, traque les fraudeurs. Elle leur présente ensuite l’addition avec sa calculette à paillettes pour rembourser le "Cochon d’or (Ogon no Buta)". Un épisode est consacré à une fraude à la construction sur une digue par le maire d’une petite ville.


[1gamelles de repas japonaises