Accueil > Dossiers du BTP > Corruptions & spoliations > LA LIGNE JAUNE AUTO-ROUTIÈRE

LA LIGNE JAUNE AUTO-ROUTIÈRE

Droit de confiscation patronal au péage

mardi 15 juillet 2014, par SUB-TP-BAM RP

CFTC, CFDT, CFE-CGC et FO des Travaux Publics ont décidé d’associer leurs signatures à celles de la Fédération Nationale des Travaux Publics, et des Scops BTP dans une supplique au gouvernement au sujet des 60 000 pertes d’emplois annoncées par leurs employeurs, soit sur les 280 000 que comptent le secteur, plus d’un emploi sur cinq.

Ils considèrent que la solution pour la sauvegarde de l’emploi est de s’associer aux patrons pour faire payer « l’état » en demandant plus d’autoroutes.

Mais dans cette situation l’Etat : C’est qui ?

L’Etat, en ce domaine, c’est toi, c’est nous !

Le contribuable, par ses impôts, a toujours financé des infrastructures mais le patronat payait aussi par son impôt. En s’exonérant de son devoir de contribution, il veut s’accaparer les bénéfices en faisant porter l’intégralité des coûts des infrastructures aux contribuables, à nous seulement.

Si dans cette affaire, comme dans celle du compte pénibilité, le patronat montre une minabilité constante, nous pouvons nous interroger sur la courte vue de "partenaires sociaux" qui nous tirent une balle dans les pied au nom d’un discours simpliste sur la défense de l’emploi.

Notre pied, pas le leur. Nous n’oublions pas que certains parmi eux sauront rebondir dans leur carrière en retour de services de cogestion bien rendu.

Pour nous, pas de promotion professionnelle et sociale, nous passerons à la tondeuse trois fois : comme salariés, comme contribuables et comme usagers des réseaux autoroutiers.

Faisant porter la responsabilité ultérieure de ces pertes emplois au seul gouvernement, ces « partenaires sociaux », exonèrent à l’avance les entreprises, des plans sociaux qu’elles préparent déjà dans la coulisse, et toujours au nom de la sauvegarde de l’emploi appuieront tous les grands travaux inutiles destinés à bétonner notre espace vital au seul bénéfice des patrons.

En effet, lors de ces premiers jours de congés d’été, nombreux seront les salariés qui emprunteront le réseau autoroutier, pour se rendre sur leur lieu de séjour. « Emprunter », semble aujourd’hui incongru pour un « bien public » payé par la collectivité et « offert », en concession, il y a maintenant 5 ans, aux géants du BTP.

Dans un pays sur-équipé, construire de nouvelles autoroutes n’a plus pour objectif d’ouvrir de nouveaux territoires. Il ne s’agit plus que d’assurer une rente publique au profits patronaux.

La mesure du trafic routier est l’indicateur mis en avant pour la construction de nouveaux tronçons, hors on voit que sur les nouvelles branches construites, il n’est pas au rendez-vous. Certains concessionnaires annoncent des résultats de trafic inférieurs de 20% à leur prévisions. Il est évident que ces prévisions sont surévaluées pour justifier d’un besoin inexistant.

Dans ces conditions, il était normal de suspendre La construction de nouvelles autoroutes. Pourquoi un investissement public dans des infrastructures inutiles aux prix sur-gonflés (L’autoroute contournant Marseille était annoncée à 1,1 milliards pour 9km...).

Le salarié ne roule plus sur la route, il se fait rouler sur la route.

LA ROUTE DES VACANCES … est devenue un aspirateur à fric du patronat très efficace pour faire nos poches !

La nouvelle hausse des tarifs des péages (effective depuis le 1er février dernier) de + 2,24 % en moyenne, vient alourdir un prix moyen du kilomètre, facturé à l’automobiliste, déjà passé de 10,13 centimes en 2005 à 11,30 centimes en 2009 (derniers chiffres disponibles). Une progression de 11,5% en quatre ans, presque deux fois plus rapide que celle de l’inflation sur la même période.

Pour nos « capitaines d’industrie » autoroutiers, les sources de profit n’allant jamais seules, ils ont, dans le même temps supprimé 10% de l’effectif salarié, remplacé par des bandits manchots automatiques augmentant le bénéfice réalisé de 20% sur chaque kilomètre facturé, entre 2005 et 2009 (1,58 centimes). Au total, le bénéfice des sociétés d’autoroutes a fait un bond en avant de 30 % !

Nous garderons nos larmes pour nos camarades ouvriers et certainement pas pour ces trop chers patrons d’une industrie autoroutière subventionnée à plus 70% qui licencient pour le profit en ces périodes de crise. Sur 10 euros payés par un automobiliste lors de son passage au péage, 1,4 (14%) va dans les poches des actionnaires.

Inutile de dire que sur la route, il y a une ligne jaune menant au mont de ces pleureuses patronales que le SUB ne franchira jamais. Contrairement aux laquais du patronat qui, chaque jour, ne font qu’un peu plus enterrer les espoirs et le devenir de la classe ouvrière, nous réfléchissons réellement sur les conditions sanitaires, sociales et environnementales des travailleurs et de leurs familles de l’emploi.


Pigalle, les lettres de l’autoroute

Aujourd’hui,le kilomètre 500 a été fini

Ca fait maintenant six mois que je suis parti
J’espère que la petite va mieux,le collège ça devient sérieux
Et que toi chérie tu t’ennuies pas trop
J’aurai sans doute un congé en juin,ils en donnent à tous les chauffeurs d’engins
J’t’envoie un chèque bientot,pour les impots,moi ça va très bien, il fait beau

Il reste trois cent kilomètre d’autoroute à construire

En fait,si elle savait la boue,la merde,le froid
Les baraquements pourris, la nuit qui n’en finit pas
Pour la tune il fallait partir à l’autoroute,pendant lontemps j’ai eu un doute
Mais,elle ne trouvait pas d’emploi, et les frais tous les mois...
Je sais déjà que je n’rentrerai pas,de toutes façon,elle le verra
Plutot,elle ne me verra plus et elle sera deçue
Après onze ans de mariage,une fuite en guise de message

Elle recevra cette lettre qui raconte que d’chi
De toutes façons elle sait qu’on s’est jamais rien dit
Elle la lira heureuse m’imaginant géant sur mon Caterpillar
Les bornes se déroulant,vers le soleil des autres,des autres gens

Avant de t’embrasser dans le cou comme tu aimes
J’te d’mande par retour des cigares comme j’aime
Dis bonjour au petit,que papa pense a lui
Et à ta mère que j’ai freiné d’alcool
Toi,attention à ton dos prends la voiture si tu cherches un boulot
J’ai bien reçu ta lettre et le petit paquet,la photo des enfants est sur la table de chevet

Il reste trois kilomètre d’autoroute a construire

Ce soir encore ça va finir au bar du haut
Avec de la bière et du mauvais porto
Pour dormir sans rêver,abruti sous les draps,parler pour ne rien dire et surtout pas d’la-bas
Les putes viennent d’elles mêmes autour des baraquements,elles sentent l’eau d’cologne et le client d’avant
Elles ne posent pas de questions et çà n’a pas de prix
Je les laisse me toucher,les yeux collés au mur
Je regarde les cafards,hébété, au tréfond du coltart

Elle recevra cette lettre qui raconte que d’chi
De toutes façons elle sait qu’on s’est jamais rien dit
Elle la lira heureuse m’imaginant géant sur mon Caterpillar
Les bornes se déroulant,vers le soleil des autres,des autres gens

Post-Scriptum:n’oublie pas dans le courant du mois
De rembourser Roger depuis l’temps qu’on lui doit
Et je t’embrasse encore ou tu veux sur ton corps
Salut à toi ma femme ,je reviendrai bientôt
Et je referme cette lettre remplie de mes caresses,crois-moi je pense à toi sans cesse

Et puis il y a Anna qui faie le ravito
Elle a un gros nez,mais tout le reste est beau
Elles est gentille, et m’écoute et me parle comme si elle comprenait
Que je suis à fond d’cale
On pense au grand soleil,vieillissant dans le miel
Mais ce n’est qu’une étape de la fuite en avant,tu n’existes plus, toi et les enfants
Mais elle aussi bien sûr s’ra répudiée un jour
Et,moi je partirai,la peur,la peur sous le béret

Elle recevra cette lettre qui raconte que d’chi
De toutes façons elle sait qu’on s’est rien dit
Elle la lira heureuse m’imaginant géant sur mon Caterpillar
Les bornes se déroulant,vers le soleil des autres,des autres gens