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Réflexions suite au débat sur Vinci

lundi 2 décembre 2013, par SUB-TP-BAM RP

Un débat de près de 4 heures, autour du livre de Nicolas de la Casinière, sur l’empire VINCI et les réponses que nous pouvons apporter aux très grands appétits de ces majors, a motivé une douzaine de personnes jusqu’au début de la nuit de ce samedi au 33.

A l’image de cette période de crise du mouvement social, qui voit fondre ses effectifs et grandir l’attrait de politiques vantant le repli sectaire, cet événement n’a donc pas fait recette. Au syndicat, nous n’en avons pas été surpris.
 
Mais alors que les Grands Projets Inutiles comme ceux de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, de la ligne TGV Lyon-Turin, du « Grand Paris » avancent inexorablement, il nous semblait nécessaire de dépasser le simple communiqué de presse (comme nous l’avions fait pour soutenir les inculpés dans l’affaire de l’occupation du château de Pinault, cf. lien http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article352), pour exposer ce que notre syndicat préconise comme propagande syndicale ou alternatives sociales et économiques.

Outre la maigre assistance à ce type de débats (il semblerait que la contestation soit plus abordable en Rock, en Rap ou peut-être encore en Rai…), il est toujours surprenant de mesurer le grand flou idéologique qui accompagne ces discussions assembléistes. C’est, assurément, le signe de très grandes solitudes. Certes, pour faire le bilan à charge du syndicalisme, et du chemin de collaboration dans laquelle il se fourvoie, nous sommes bien évidemment les premiers, et ce d’autant plus que nous restons persuadés que le syndicalisme demeure la seule voie possible pour nous conduire à l’émancipation.
 

Mais le fait que notre syndicat soit porteur d’un projet qui, au-delà du constat et de la critique (qui rassemblent tous les opposants), propose l’analyse des moyens de la contestation, de ses effets sur l’opinion (et d’abord sur les producteurs concernés), et des alternatives qui sortent du modèle capitaliste, donne souvent de l’urticaire à des « militants alters » qui pensent qu’on ne peut répondre à un système globalisé honni par un autre quel qu’il soit, y compris la syndicalisation des moyens de production (nommée aussi autogestion).

Le spectre du totalitarisme hante encore et durablement le mouvement social et contestataire.

Notons également les réminiscences du syndrome « il ne faut pas désespérer Billancourt ». En effet quand nous décrivons le peu d’état de conscience du prolétariat de nos branches (Bâtiment, Travaux Publics, Bois, Ameublement et Matériaux de construction), nous plongeons, alors inévitablement, dans le désarroi, notre déjà maigre assistance.

Nous avons, cependant, pour habitude d’appeler un chat : un chat (pour au minimum être en accord avec notre logo confédéral), et surtout même quand cela interroge nos pratiques syndicales.

Or il faut bien se rendre à l’évidence que le syndicalisme (toutes organisations confondues) est bien peu entendu dans nos entreprises. La crise, et l’attitude d’un gouvernement prêt à sacrifier nos conditions de travail (précarité) et notre qualité de vie (travail de nuit et du dimanche) au nom de la défense de l’emploi, tendent, comme on peut le constater en Bretagne avec le phénomène « des bonnets rouges », à renforcer la collaboration de classe, les réflexes de violence et de xénophobie.

A notre sens, seul le lent travail syndical pourra petit à petit re-tricoter les solidarités élémentaires d’un prolétariat déboussolé.

En ce qui concerne le projet du Grand Paris, notre syndicat entend poursuivre ses réflexions, affiner sa stratégie d’intervention sur les chantiers et partager ses analyses avec les collectifs en résistance. Nous travaillons d’ores et déjà à l’organisation d’une journée revendicative sur ce thème début avril 2014.

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