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LE PATRONAT VEUT FAIRE DE LA FEMINISATION DU SECTEUR, UN VECTEUR DE L’AUGMENTATION DE SES PROFITS.

Sexisme & modernité dans l’industrie du BTP.

lundi 8 mars 2021, par SUB-TP-BAM RP

Le BTP a la réputation d’être un lieu de travail dangereux, précaire, mal payé …
Pas de quoi enthousiasmer le renouvellement des générations de travailleurs de cette industrie.
Le développement technique et professionnel rend aussi plus délicat le seul recours aux travailleurs immigrés, qui de tout temps, et jusqu’à maintenant, ont constitués un apport important.

Les syndicats patronaux du BTP ont donc, depuis une décennie, volontairement développé une politique de féminisation des métiers du secteur. Les femmes y sont voulues comme porteuses de « modernité sociale », face à des ouvriers généralement considérés comme « peu évolués », « archaïques » ; connotations souvent racialisées et discriminantes, imputées à leurs origines immigrées. 
Des images stéréotypées de genres et de classe sont ainsi mobilisées pour imposer aux ouvriers du bâtiment, des normes de comportements annoncés comme modernes et à comprendre comme facteur de plus grande productivité et rentabilité pour les possesseurs du capital.

Les femmes, actuellement un peu moins de 10 % dans le secteur du bâtiment, se répartissant en :
• 01,3 % de femmes parmi les ouvrier•e•s,
• 47,1 % de femmes parmi les étams,
• 12,4 % de femmes parmi les cadres.
Au cours des 25 dernières années, la part des femmes relevant de la catégorie ouvrière à diminuer au profit de celles classées Etams et cadres (qui elle, a été multipliée par plus de 1,5).

Selon les organisations patronales du BTP, leurs ouvriers seraient « archaïques ».

Un archaïsme défini par trois critères :
a) L’ouvrier serait malpropre autant physiquement que symboliquement,
b) L’ouvrier serait violent,
c) L’ouvrier serait conservateur voire réactionnaire.

1. L’ouvrier serait malpropre autant physiquement que symboliquement
Dans un monde, où depuis le siècle des lumières, la modernité s’est construite sur la maîtrise de la nature ; la malpropreté, demeurerait le premier attribut de l’ouvrier, proche ainsi d’une forme d’animalité primitive.
Celui qui cependant, penserait le chantier comment devant être « propre », n’y a certainement jamais mis le pied. Au gré des saisons, on y est confronté à la boue, à la poussière, aux débris de matériaux ... et l’employeur n’y met généralement jamais un cantonnement satisfaisant et a petit-à-petit (au gré de la perte de mémoire et d’usage des ouvriers) a raboté le temps d’habillage et de déshabillage.

Or, la bourgeoisie a toujours jugé les comportements d’hygiène des ouvriers, comme intrinsèquement malpropres, les assignant ainsi irrémédiablement à l’univers du « primitif » ; un caractère renforcé, selon elle, par la présence effective de travailleurs issus de peuples décolonisés que l’on nomme aujourd’hui : « les minorités visibles ».
Cette « saleté incorporée » s’augmenterait d’une saleté verbale (Propos orduriers, expressions obscènes, blagues et insultes sexistes ou racistes) et s’illustrerait par certaines pratiques, comme l’affichage de calendriers pornographiques et plus globalement des pratiques de harcèlement sexuel à l’encontre des femmes ou de minorités sexuelles. Une saleté, toujours selon la Bourgeoisie, sécrétée par des individus n’arrivant pas à refouler, par l’autocontrôle, leurs émotions et leurs désirs sexuels.
On sait (sans les justifier ou les excuser) que ces pratiques sont malheureusement courantes dans les secteurs où les hommes sont majoritaires. Au-delà d’être une expression paroxystique de la domination masculine, ces pratiques sont également des expressions des idéologies défensives de métier ; produisant des expressions spécifiques de la virilité dans le travail, au départ essentiellement vouées à la défense contre la souffrance mais qui peuvent se traduire par un « harcèlement de genre ».

2. L’ouvrier serait violent
Les ouvriers du bâtiment ne sauraient qu’être physiquement violents, ne parvenant pas à exprimer autrement leurs désaccords, comme s’ils n’avaient pas les mots pour le dire. Cette vision met sous le boisseau, bien évidemment, les violences (symboliques, politiques et sociales) que ces ouvriers subissent, notamment au regard des rapports hiérarchiques de chantier.
L’associant souvent à l’abus d’alcool, le patronat se plaint d’une violence à l’intérieur des collectifs de travail, une violence physique entre hommes de même catégorie sociale qui serait une source de vices et d’inconduites, mais surtout … une entrave à la productivité et la rentabilité de l’entreprise.

Quand la bourgeoisie alcoolisait les travailleurs, devenus soldats, pour tenir les tranchées d’une guerre capitaliste, elle était bien moins regardante.
En temps de paix, la consommation de ces boissons est stigmatisante, et fait passer les ouvriers du bâtiment de la catégorie de travailleurs intègres et vertueux, à celle d’ivrognes.
En fait, cet usage encore très répandu s’inscrit dans la longue histoire professionnelle où s’est bâtie une stratégie de défense face à la dureté des conditions de travail faite de travail de force, d’accidents graves ou mortels.
Si la consommation d’alcool peut être encore un vecteur d’intégration (ou d’exclusion) sociale aux collectifs de travail, il tend a être remplacées par d’autres pratiques.

3. L’ouvrier serait conservateur voire réactionnaire
Les ouvriers du bâtiment seraient réfractaires à la modernité, parce que particulièrement conservateurs au regard de la question de la mixité et plus particulièrement sur le sujet de l’insertion de femmes dans leurs métiers. Les origines ethniques des ouvriers sont encore une fois avancées pour justifier cette allégation, et le présumé conservatisme des ouvriers s’expliquerait aussi par un effet générationnel où les catégories les plus âgées seraient souvent marquées, dans les croyances, par le conformisme ou du moins par le refus de certaines évolutions, notamment sociales.
Il en serait, plus particulièrement, ainsi pour l’encadrement portugais vieillissant qui serait l’illustration de ce conservatisme tendant à sauvegarder, protéger et garantir des prérogatives bâties, au cours des années, sur des savoir-faire, trucs et astuces, leur ayant ainsi permis d’accéder à ces fonctions d’encadrement et, plus précisément comme chef d’équipe. Dans ce cadre, ils jouiraient d’une position qu’ils ne sont pas prêts à abandonner à d’autres, notamment à de jeunes femmes, de moindre expérience certes mais munies d’un capital scolaire plus adapté aux évolutions techniques et organisationnelles des chantiers. Cette féminisation se révélant, à leurs yeux, être un bouleversement dangereux qui risquerait d’interroger un positionnement hiérarchique vécu jusque-là comme allant de soi.

Face à ces représentations de l’archaïsme supposé portées par les ouvriers du Bâtiment apparaissent celles de la modernité que les organisations patronales veulent voir valorisée par la féminisation du BTP.

La femme serait l’avenir … du chantier

Prenant appui sur la théorie de la complémentarité des sexes, le patronat du BTP s’est fondé un discours de promotion de la féminisation, non pas comme un handicap à gérer par et pour les employeurs, mais plutôt comme une ‘chance’ à saisir, « un plus », un « atout économique, apportant une nouvelle façon d’appréhender la production de manière positive »

1. Les femmes disposeraient d’une meilleure efficacité au travail
Reprenant les stéréotypes liés aux constructions du genre, les femmes sont alors considérées, par les patrons, comme plus « minutieuses, plus soigneuses, plus consciencieuses », et ainsi parfaitement accordées aux travaux de rénovation de bâtiments existants, en fort développement, comme d’un « travail d’une plus grande qualité plutôt que d’une plus grande productivité ». Plus sensible à une forme de « savoir vivre » dont les ouvriers du bâtiment seraient démunis.
Dans ces représentations, les femmes sont donc invitées à travailler dans le bâtiment, au regard d’arguments de minutie, de sens artistique, de soin, de méticulosité. Des caractéristiques, imputées « naturellement » aux femmes, dont le défaut serait, à l’opposé, reproché aux hommes.
Ceci nécessiterait donc une politique de féminisation de la main-d’œuvre, vecteur d’une nouvelle normalisation.
Cependant, penser l’insertion des femmes dans le bâtiment à partir de l’argument de la réalisation de petits travaux, c’est nier le caractère hétérogène des activités du secteur, et son caractère le plus distinctif et irréductible, qui est la pénibilité et, par relation, l’usage habituel de la force physique.
Dans un secteur où une grande majorité de la main-d’œuvre y voit une compétence indispensable à l’exercice du métier — attribut traditionnellement reconnu aux hommes —, embaucher des femmes, jugées ‘par nature’ plus fragiles, moins costaudes, apparaît comme un acte d’une violence symbolique indéniable pour certains hommes. C’est dénier aux ouvriers toutes prérogatives, c’est leur faire comprendre que ce qui faisait une part de leur légitimité sur un chantier — leur force physique — n’est plus reconnu en tant que tel, comme « usage économique et politique », comme source de pouvoir.
Or effectivement, dans le bâtiment, la supériorité physique des hommes, qui est lui aussi le produit d’une construction sociale, n’est plus jugée par certains chefs d’entreprise, comme indispensable et de fait légitimerait moins l’exclusivité masculine.
Questionnant une certaine appartenance de genre et de classe sociale qui fixait une hiérarchie ouvrière ; le patronat veut démontrer aux ouvriers qu’il ne leur reste rien en propre. Si les femmes peuvent travailler sur les métiers de chantier, c’est que l’on va leur soustraire un certain pouvoir — qui n’est pas seulement symbolique — par l’accaparement de la maîtrise du processus de production que les ouvriers pouvaient avoir lorsque la force physique, comme élément inséparable à la fois des ouvriers eux-mêmes et des travaux à réaliser, apparaissait comme centrale.
Cette forme politique de féminisation, les ouvriers ne peuvent que la remettre en cause.

Par ailleurs, les femmes sont perçues comme un atout pour leur employeur, parce qu’elles introduiraient de l’innovation dans les modes productifs, avec un sens du dialogue, de la communication et du relationnel qui serait « inhérent » à leur « nature » féminine.
Elles seraient, de plus, particulièrement motivées au travail, et l’arrivée d’une femme dans une équipe de travail inciterait ses collègues à une sorte d’émulation entre les hommes et les femmes, émulation construite autour d’enjeux de catégorisation et de hiérarchisation sociales.
Ceci en opposition à une vision très péjorative de l’homme, dont le rapport au travail se caractériserait principalement, comme chez Taylor, par une « flânerie systématique », un freinage volontaire de la production, autrement dit par le fait de ne pas donner « le meilleur de lui-même ».

2. Des femmes toujours loyales ?
Cette motivation féminine se traduirait par une plus grande ‘loyauté’ vis-à-vis de leur employeur, se définissant comme un comportement de conformité aux objectifs de la direction.
On assiste encore ici (dans le discours du patronat du BTP) à un transfert de genre, car les études menées sur ces questions montrent plutôt la loyauté comme une vertu masculine.
Comment expliquer ce retournement ?
Tout d’abord, on peut remarquer que, dans ce secteur, de plus en plus de femmes sont embauchées dans les catégories d’encadrement  Or, les cadres sont au centre de relations sociales fortes entre les différents acteurs du monde du travail et plus particulièrement de l’entreprise. En ce sens, leur comportement loyal s’inscrit dans ce rapport social particulier dans lequel se jouent leur identité et statut socioprofessionnel. Embauchées pour encadrer, elles ont tendance à s’inscrire dans ce rapport social.
De surcroît, elles apparaissent encore, pour tous et à commencer à leurs propres yeux, comme une main-d’œuvre singulière dans ce secteur d’activité. Elles sont ainsi confrontées à un contexte socioprofessionnel qu’il leur est parfois difficile d’affronter et qu’elles ont expérimenté dès leur scolarité.
Elles sont d’ailleurs souvent sur-sélectionnées. Elles n’arrivent pas par hasard dans ce secteur en ayant fait un choix actif de métier. De fait, les chefs d’entreprise et certains ouvriers attendent d’elles qu’elles montrent de la déférence pour les patrons qui leur ont donné « une chance » de travailler dans ce secteur d’activité en leur faisant confiance. Cette confiance, qui devrait les aider à faire face à des collègues de travail réticents et résistants à leur présence, leur donnerait alors une certaine légitimité.
Pour les chefs d’entreprise, la loyauté des femmes semble s’exprimer dans des comportements de docilité et de soumission. Dans cette perspective, ces femmes ne peuvent qu’apparaître, aux yeux des ouvriers, loyales aux patrons et, par conséquent, déloyales à leur classe lorsqu’elles sont ouvrières.
Si cette représentation de la femme loyale est surtout le fait d’une construction mentale des chefs d’entreprise, certaines femmes reprennent à leur compte cette vision d’elles-mêmes. Dans ces cas, le chef d’entreprise représente, pour elles, le garant de leur réussite professionnelle. Et elles semblent se tourner vers lui, en le regardant comme la personne qui a su dompter à la fois leurs propres peurs et les résistances de ces ouvriers et cadres à la mixité.
On pourrait émettre l’hypothèse que les recrutements sont réalisés en fonction de cette volonté de soumission testée pendant l’entretien d’embauche. Cependant, contrairement à ce que pensent certains chefs d’entreprise, la réponse à la question de la loyauté des femmes du bâtiment ne peut se résumer à un simple effet de docilité, voire de soumission — conception qui n’est par ailleurs pas exempte de stéréotypes sexués. Aussi, cela remet en cause l’idée qu’il existerait en soi un comportement de déférence féminin, dans une conception homogénéisant la catégorie femme.

Les enjeux de la politique de féminisation
Dire que féminiser apporte de la modernité, c’est introduire l’idée que les ouvriers du bâtiment, devraient nécessairement, développer d’autres rapports au/de travail.
Dans ce cadre, et aux yeux de certains responsables des milieux dirigeants du secteur, si les ouvriers s’inscrivent dans la catégorie des individus empreints d’archaïsme, il faut alors les amener à répondre aux qualificatifs de la ‘modernité’. Beaucoup y ont intérêt — économique, politique, etc. — tels certains entrepreneurs, responsables syndicaux patronaux, certains partis politiques, afin de minimiser la place des ouvriers, notamment en tant que classe sociopolitique, dans les rapports de production.
Il faudrait, par conséquent, « éduquer » les ouvriers, et pour le patronat, cette politique de féminisation est un acte d’encadrement, de « dressage » social des comportements des ouvriers. De la sorte, l’entrée de femmes est pensée et présentée comme facteur de progrès social, alors qu’elles sont réellement envisagées comme le « cheval de Troie » d’un management répressif.
L’injonction d’être moderne est une mise en ordre et s’effectue par l’entrée de femmes.
En quoi cette entrée peut-elle moderniser ?
Cela se caractérise par l’utilisation des femmes et de stéréotypes sexués qui leur seraient attachés pour réguler les conflits sociaux, pacifier le monde du travail, et fabriquer de toutes pièces une nouvelle image de marque pour le bâtiment.

1. Un processus de discipline
L’effet d’ordre souhaité par l’insertion d’une ou plusieurs femmes dans un bastion masculin se manifeste, pour les instances dirigeantes, par des comportements plus normés, plus prescrits, plus conformes à leurs attentes. Cet effet de discipline s’exprime aussi en ce qui concerne la « courtoisie » ou les « civilités », notamment verbales, et aussi plus globalement comportementales. La courtoisie, répondant à des normes et des règles qui font l’objet d’un apprentissage plus ou moins incorporé, apparaît comme une forme de « disciplinarisation » des comportements. Ainsi, ce qui est ici remis en question, c’est le comportement des ouvriers du bâtiment qui, par l’utilisation d’un langage défini comme ‘cru’, ‘vulgaire’, ‘grossier’, sont jugés par des chefs d’entreprise comme des individus « rustiques ».

2. Un processus de pacification
L’idée que les femmes auraient un effet pacificateur (c’est-à-dire à la fois médiateur dans toute situation de conflits et porteur de paix par sa simple présence) sur les collectifs de travail est portée par le patronat pour qui l’arrivée d’une femme dans une équipe de travail apaiserait les tensions qui existeraient entre les ouvriers, les rendant : plus sérieux, plus attentifs, plus pondérés.
Cette conception repose sur la construction dynamique de représentations classiques et naturalisantes de l’homme au sens générique, comme individu brutal, violent et agressif et de la femme, au sens générique, en tant qu’être doux, poli et aimable. Tout ceci n’est que le résultat d’une construction sociale. Les femmes ne sont pas naturellement inscrites dans la douceur, le dialogue ou la convivialité et, si elles le sont, c’est parce qu’elles répondent à une socialisation construite autour de valeurs et de représentations sociales du masculin et du féminin.
Dans cette perspective, les femmes sont d’une certaine manière appelées à faire disparaître la part d’animalité supposée des ouvriers. Cette représentation va à l’encontre de la rationalité ouvrière défensive.
De leur côté, les ouvriers conçoivent souvent leurs propres conditions comme une réponse à des transformations vécues comme des bouleversements déstabilisant des modes opératoires, des savoirs et savoir-faire, des valeurs, des stratégies collectives de défense et des rapports au/de travail pensés comme appartenant à une longue tradition. Dans ce contexte, l’on comprend mieux pourquoi la mise en place d’une politique de féminisation du secteur par les syndicats patronaux, et plus particulièrement des emplois de chantiers, les plus emprunts de ‘traditions’ (même si elle est très parcellaire) — peut être perçue comme un mode de pensée foncièrement politique.

Sous le masque de la modernité se cache le Capital Patriarcal
Comme on l’a vu développé dans cet article, qui doit énormément au travail de Stéphanie Gallioz et à son article : » La féminisation dans les entreprises du bâtiment : une normalisation sociale des comportements ouvriers masculins ? » paru dans les Cahiers du genre n°47 (qu’elle en soit ici remerciée), le patronat est prêt, par appât du gain et apaisement de la conflictualité sociale à utiliser de nombreux stéréotypes de genre, tout en les présentant comme l’image même de la modernité et de la parité.
Réduire le champ d’action des délégués syndicaux et, plus globalement, des « grandes gueules », est l’objectif non avoué de ces « patrons modernes »
Le Capital, de par sa constitution et son modèle sociétal est patriarcal. La féminisation du secteur du BTP, n’a donc pour objet que de renforcer les mécanismes d’exploitation et de lutter contre les tentatives d’autonomie ouvrière.

Sous le casque, une seule Classe.
Permettre aux femmes d’accéder à tous les métiers est un facteur de progrès social même si, dans ce cas, le recrutement de femmes est utilisé par les patrons pour trouver de la main-d’œuvre taillable et corvéable, plus légale que les sans-papiers et, surtout, qui donne une excellente image de marque.
La question de la place des Etams et des cadres (issus de l’ascenseur social de chantier, ou de la féminisation voulue par les patrons) dans le mouvement syndical reste posée.
A nous, dans notre pratique syndicale de travailler à démonter les mécanismes de différentiation (de fonction, de genre, de race, de classe), mis en place par le patronat, en renforçant une identité de classe propre à mobiliser les différents statuts, différents genres, et différentes origines ethniques dans leurs luttes contre toutes formes de domination et d’exploitation.