Accueil > Syndicat Unifié du Bâtiment > Actualités > Salarié·es du BTP vous pouvez retournez au chagrin, c’est l’OPPBTP qui (...)

Salarié·es du BTP vous pouvez retournez au chagrin, c’est l’OPPBTP qui vous le dit !

vendredi 3 avril 2020, par SUB-TP-BAM RP

Alors que l’Espagne et l’Italie interdisent tout travail qui ne serait pas lié aux activités essentielles (se soigner, se nourrir, …) [1], le gouvernement français vient lui de nous sortir sa dernière saloperie : « Le guide de préconisations conditionnant une reprise de l’activité dans le BTP ».

En attendant la publication de notre propre réponse syndicale : « Le guide pour refuser de reprendre le boulot dans le BTP », il nous a semblé nécessaire d’établir qui est à l’origine de cette tentative d’homicide volontaire d’une partie de la classe ouvrière.

Ce guide, officiellement validé par l’État le 2 avril dernier, a été rédigé par l’OPPBTP. Pour ceux et celles qui ne le sauraient pas ou l’auraient oublié, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (ou OPPBTP) est un organisme français administré paritairement par des représentant·es des salarié·es et des employeurs des secteurs de la construction.
Créé par le gouvernement en plein boom de la reconstruction en 1947, l’OPPBTP devait répondre alors à la très grande accidentologie du BTP, par la prévention des risques professionnels sur les chantiers et le contrôle de l’application stricte de la réglementation. En 1985 [2], alors que la force du syndicalisme de combat dans le BTP qui avait prévalu au sortir de la Seconde Guerre mondiale s’était tue, le gouvernement « réformait » par décret considérablement le rôle de l’OPPBTP, lui enlevant son rôle de contrôle sur l’application des réglementations et concentrant son activité sur le « conseil » auprès des entreprises du BTP ((à la grande satisfaction du patronat).

Siègent donc à » moite-moite », les représentant·es des salarié·es (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et FO), et les représentant·es des employeurs (CAPEB, FFB, FNSCOP et FNTP). Sur ce principe déjà foireux du paritarisme les patrons disposent déjà de la moitié des voix décisionnaires. Les salarié·es sont représenté·es suivant le résultat des dernières élections professionnelles (dans les branches du BTP). Les dernières ont donné le résultat suivant : CFDT (26,37 %), CGT (24,85 %), CGT-FO (15,59 %), CFE-CGC (10,67 %), CFTC (9,49 %). Les « syndicats jaunes » (CFDT, CFE-CGC, CFTC) étant majoritaires (46,53%), on peut conclure sans peine que ce guide, que l’ont veut nous imposer pour retourner au labeur, est l’expression pour au moins 75% du seul patronat et de ses laquais syndicaux.

Le patronat a donc choisi comme émissaire (de sa volonté de continuer à faire du profit) un organisme qu’il contrôle parfaitement, au mépris de la santé de ses salarié·es (et leur famille), qui sont les seul·es à même de produire la richesse de ces entreprises : la situation du moment le démontre à nouveau.

La voix de son maître est encore ici M. Paul Duphil, ingénieur des Mines, dont la seule activité a été dans l’industrie (Thomson, Solectron) et un petit pantouflage au Conseil Général des Yvelines, avant de devenir Directeur Général de l’OPPBTP. Ce monsieur, qui connait « la vie de chantier » depuis son seul bureau (ou maintenant son appartement cossu des beaux quartiers) s’est bien sûr « confié » aux supports de presse émanant du patronat [3]. On est ici, n’en doutons point, entre gens de bonne compagnie.

  • Quand Paul Duphil dit : « concernant les mesures de températures, les professionnels en souhaitaient à l’entrée de certains lieux, mais les autorités n’y étaient pas favorables, car ce dispositif de contrôle de santé ne serait pas vraiment efficace », nous comprenons : « ne donnons pas aux salarié·es le moyen (chiffré) de constater leur état de contamination et donc le moyen de refuser de travailler faisant ainsi chuter la productivité attendue (au mépris de la santé des travailleurs et travailleuses) » ?
  • Quand Paul Duphil dit : « un des acquis importants réside aussi dans un projet d’ordonnance, pour renoncer aux pénalités en cas de retard pour les marchés privés, comme pour les marchés publics. Cela concourt à trouver un équilibre concernant les enjeux financiers », nous comprenons : « on a garanti ainsi que les employeurs ne seront pas pénalisés pour les retards de chantier. Il s’agit maintenant de faire turbiner nos employé·es pour améliorer nos marges où l’on ajoutera au chômage partiel (payé par les contribuables), le sucrage des vacances et RTT, aux heures sup’, etc. » ?
  • Quand Paul Duphil dit : « Le guide détaille ainsi les gestes barrières tout en donnant des trucs et astuces pour faciliter leur mise en œuvre concrète. », nous comprenons : « comme nous n’avons aucun moyen d’assurer la sécurité des salarié·es, nous avons recours au « manuel de l’oncle Picsou » qui préconise à la place du masque, des gants, combinaisons et gel des « trucs et astuces » » ?
  • Quand Paul Duphil dit : « l’OPPBTP est un organisme dont la mission est par nature de nous préoccuper des entreprises de BTP, nous n’avons pas vocation à édicter des règles au-delà de ce qui peut concerner les salariés du BTP. Malgré tout, les autres acteurs du secteur de la construction était parfaitement au courant de nos travaux, ils pouvaient nous contacter. » , nous comprenons : « nous sommes là pour défendre l’intérêt des patrons du BTP. On va pas se laisser emmerder par les architectes et bureaux d’études qui ont sûrement des salariés qui ne veulent pas non plus se mettre en danger »  ?

Voila donc les raisons de ce guide et ce pourquoi une partie des organisations syndicales censées défendre nos intérêts de salarié·es nous sacrifient une fois de plus à l’avidité du patronat. Le gouvernement édicte, il ne tient qu’à nous de s’y soustraire !

Portfolio


[2Le Président de la République du moment était François Mitterand le Premier ministre Laurent Fabius. Cette information est destinée à ceux et celles qui voudraient encore croire qu’un gouvernement dit « de gauche » pourrait être un avenir pour la classe ouvrière.

[3Le Moniteur, Batiactu pour ne citer que ces titres.