Accueil > Syndicat Unifié du Bâtiment > Fédération du bâtiment > Communiqués > "Kingfisher vise toujours 600 millions de livres de retour à ses (...)

"Kingfisher vise toujours 600 millions de livres de retour à ses actionnaires sur les trois prochaines années en plus du dividende ordinaire"

jeudi 15 février 2018, par SUB-TP-BAM RP

Il est parfois désagréable de faire des recherches par mots clés. Comme taper « bricorama » ou « castorama » sur la page d’accueil du syndicat.

A l’époque, en octobre 2013, un camarade écrivait un article exprimant notre opposition au travail dominical. En effet, le secteur du bricolage était parmi ceux dans lesquels le chantage à l’emploi et aux primes contraignait nombre de salarié.e.s à accepter de travailler le dimanche. L’article, intitulé « Pour l’actionnaire, c’est tous les jours dimanche ! » est toujours consultable en ligne ici.

Sur ce même article, étaient évoqués la santé financière de quelques-uns des groupes d’enseigne de bricolage comme Bricorama ou Castorama.

Depuis 2013, beaucoup de choses ont changé, surtout les bénéfices des boîtes, les dividendes versés aux actionnaires et le nombre d’emplois menacés de licenciement.

  • En 2013, on notait :
    "Pour Bricorama, en 2007, le dividende était de 69 centimes par action, en 2011, il était de 1.3 € soit une augmentation de 88% en 4 ans. Le volume des bénéfices reversé aux actionnaires est passé de 3 900 000 € à 8 000 000 €.
    Le poids du dividende passe de 16% du bénéfice à 33%. Et quand on sait que les actionnaires principaux de Bricorama sont son PDG et sa famille à 90%, on voit tout de suite le mépris pour ses salariés. L’argent du dimanche ne quitte pas ses poches."

    En 2016, le dividende, à hauteur de 1€ par action, est à 58% du bénéfice et le montant des dividendes s’élèvait à 6 221 343€, d’après le rapport d’activités du groupe.
  • De la même façon, on notait en 2013 :
    "Pour Castorama, l’actionnaire principal est le groupe KingFisher. En 2012, son chiffre d’affaire a reculé de 2.8% sauf en France où il a augmenté de 0.3% (la productivité française !!!). Le groupe voit ses bénéfices fondre de 11,4% mais augmente ses dividendes versés aux actionnaires de 7% en 2012 (en 2009, le dividende était de 5.32 pences par action, il passe à 9.46 pences en 2013, +77%). Tous les jours dimanche pour les actionnaires".
    En 2016, le chiffre d’affaires du groupe augmentait de 8,7% et le bénéfice de 13,5%.

Les choses s’annonçaient pourtant plutôt mal il y a quelques temps déjà, lorsque début 2016 il était annoncé que "Kingfisher a confirmé les objectifs de [son plan ONE] à l’horizon de cinq ans. Le distributeur, maison-mère de Castorama et Brico Dépôt en France, vise toujours une hausse de 500 millions de livres de son bénéfice net par an et 600 millions de livres de retour à ses actionnaires sur les trois prochaines années en plus du dividende ordinaire".

Après avoir annoncé en novembre 2017 le regroupement en Pologne de ses services comptables et de gestion, Kingfisher a annoncé ce 13 février 2018 la suppression de plus de 400 postes dans les enseignes françaises Castorama et Brico Dépôt [1].

La presse économique arguera sans aucun doute que "ce n’est pas si pire puisque ça va quand même pas bien dans le bricolage" ou "oui c’est compliqué mais les patrons font du mieux qu’ils peuvent, la preuve c’est que Castorama arrive en 15ème des taules de commerce de détail les plus appréciées des salarié.e.s" [2].

  • Nos conclusions de 2013 n’ont, par contre, malheureusement pas changé :
    "Dans un temps où le Capital mène l’offensive contre un prolétariat qu’il divise entre producteurs et consommateurs, un temps ou l’individualisation des travailleurs est chaque jour renforcée, notre syndicat se doit de reconstruire une conscience de classe capable de faire front.
    Le syndicalisme intégré a favorisé la parcellisation du travail, l’isolement des salariés, le repli sur l’entreprise où la loi du plus fort demeure souvent celle du patronat.
    Le syndicalisme, avait pourtant, à l’origine, créé un outil efficace : le syndicat d’industrie. Une structure qui met les travailleurs de la distribution (comme le sont les salariés des enseignes évoquées plus haut) dans l’entité globale d’un produit alliant, conception, extraction, production et distribution.
    C’est à cette seule condition que les salariés construiront un rapport de force suffisant pour lutter contre un capitalisme aujourd’hui mondialisé."

Nous le rappelions également dans un article de janvier 2015 consacré à Lafarge-Holcim et nous étonnions encore il y a 3 ans que "Pour lutter contre le licenciement annoncé de 15 000 travailleurs de Lafarge et Holcim dans le monde, les organisations syndicales internationales lancent… une pétition !".

Il va sans dire qu’aujourd’hui autant qu’hier, la CNT-f au travers de sa Fédération Construction et de ses syndicats, assure les travailleurs des enseignes de bricolage concernées de son soutien sans faille, mais s’interroge sur des pratiques syndicales qui, dans la défense des acquis sociaux, ne porte aucune analyse sérieuse des modes de production et de développement des sociétés internationales qui les emploient.


[2Il va sans dire que ces foutus classements de Capital des meilleurs employeurs de l’année pourraient servir au mieux à allumer un feu de palettes devant une enseigne de bricolage en grève