Abandon de l’aéroport de Notre Dame Des Landes : une victoire... et de nombreuses questions
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Notre syndicat se réjouit de l’abandon annoncé par le gouvernement du projet de construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, projet écologiquement mortifère, socialement inutile et économiquement coûteux.
Cette annonce constitue une victoire importante pour le mouvement qui s’y oppose depuis des années, un mouvement très composite, qu’on ne peut résumer à la « ZAD » (Zone à Défendre), bien que celle-ci y ait occupé une place centrale. On ne peut que se réjouir, pour les habitant-es, pour les militant-tes, pour les tritons crêtés et campagnols amphibies, pour la planète en général, pour les mouvements sociaux. La lutte paie. Joie
La major Vinci (même si elle se débrouillera en partie pour tirer son épingle du jeu) se voit retirer un projet lucratif, et les petits et grands patrons de la région, qui voyaient de formidables opportunités de croissance dans ces centaines d’hectares de bétons et de bitumes pleurent à chaude larme. Re-Joie.
On ne cédera cependant pas à l’euphorie puisque cette annonce est couplée à une mobilisation exceptionnelle des forces de répressions pour évacuer totalement ou partiellement la ZAD, entre coups de bluffs politiques et policiers, il se dessine la volonté gouvernementale d’en finir définitivement avec cette expérience d’autonomie et de résistance. L’enjeu semblant être le rétablissement viril de « l’autorité de l’État ». Face à l’annonce anxiogène que cette opération pourrait « entraîner des morts des deux côtés », le terrain médiatique est préparé pour une opération de répression de grande ampleur, à l’image de celle qui touche les grandes mobilisations sociales de ces dernières années.
Si notre syndicat et plus généralement notre confédération se sont investis dans ce combat depuis des années, et notamment via les syndicats CNT présents dans la région, nous devons continuer à nous interroger sur les meilleurs moyens d’intervention syndicale sur ce type de lutte.
Le SUB-TP-BAM-RP étant un syndicat regroupant des travailleurs-euses des travaux publics et des travailleurs-euses des services de l’État impliqués dans l’aménagement des territoires, nous pensons pouvoir avoir un rôle déterminant à jouer. Et pourtant, force et de constater que nos initiatives propres sur le sujet des « grands projets inutiles » ne mobilisent que faiblement et n’intéressent qu’un public restreint quand nous avons l’ambition de nous adresser à toute la classe ouvrière.
Si notre époque est celle où nous ne pouvons faire l’impasse des questions environnementales et relier inévitablement ces questions à notre combat contre le capitalisme, nous devons encore travailler en profondeur sur notre manière d’agir syndicalement. Articuler les intérêts immédiats (sécurité sur des chantiers, salaires, santé) et à long terme (mode de vie respectueux des écosystèmes, fin de l’exploitation) des différentes branches de nos métiers, développer une conscience de classe et écologique chez nos adhérent-es et nos collègues : ce n’est pas parce qu’on coule du béton pour gagner sa vie qu’on veut le faire partout et tout le temps.
Vu le nombre de Grands Projets Inutiles qu’il reste à faire abandonner (enfouissement de déchets nucléaires à Bure, LGV Lyon-Turin, Europa-City, aménagements pour les JO de 2024 et le Grand Paris...), nous ne doutons pas avoir de nombreuses occasions de nous confronter à nouveau à ce sujet.