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La Gerbe

jeudi 11 mai 2017, par SUB-TP-BAM RP

Le 22 avril dernier, notre syndicat organisait une journée de commémoration pour le 146ème anniversaire de la Commune de Paris.

Nous nous sommes précédemment expliqués sur le fait de choisir une date proche du 16 avril, et de préférer une commémoration plus « intimiste » que celle organisée chaque année par l’association des Amis de la Commune.

Il semble que cela pose problème à certains puisque 15 jour après ce dépôt, la gerbe que nous avons déposé au pied du Mur des Fédérés a disparue.

Nous en étant inquiétés auprès de la direction du cimetière, cette dernière nous a confirmé que les gerbes commémoratives étaient laissées en place de longs mois.

On peut donc légitimement s’interroger sur la raison et l’origine de cet acte de malveillance à notre égard.

On a du mal à croire que ce soit le fait que des travailleurs et travailleuses du Bâtiment aient déposé cette gerbe qui puisse poser problème.

En effet, si l’on en croit Jacques Rougerie (1), qui a dépouillé les procès verbaux des 36 000 Communards emprisonnés et jugés par les Conseils de Guerre Versaillais, notre Industrie fut la plus pourvoyeuse de Fédérés … Et de condamnés :

· 2 791 travailleurs du bois

· 5 458 travailleurs du Bâtiment

· 5 198 journaliers (dont on peut considérer qu’une bonne part était manœuvres dans le bâtiment et la terrasse)

Représentant environ 20 % de la population parisienne d’alors et plus de 30% des insurgés de 1871. Mais alors que le Bois fournit 19,2% des officiers et sous-officiers de l’armée communale, le Bâtiment n’en fournit que 7,3 %.

Même dans l’armée de la révolution, le Bâtiment fournit encore et toujours la « chair à canon » (2) !

Est-ce l’ignorance, qui alliée à la malveillance, a permis cet acte sacrilège contre la mémoire de nos anciens, combattants de la liberté et de la lutte de classe ?

Est-ce notre appartenance revendiquée à un syndicat révolutionnaire s’inscrivant dans la lignée antiautoritaire de la Commune de Paris qui froisse certaines convictions peu démocratiques, les amenant à vouloir même éliminer la trace de notre passage ?

Est-ce ici « l’œuvre » de quelque lâche rejeton Versaillais, de quelque fourbe adepte d’un futur Comité de Salut Public, tous opposés, malgré leurs divergences, à l’expression d’un idéal libertaire ?

Si nul ne peut l’affirmer aujourd’hui, leur acte ne peut que nous renforcer dans notre conviction de ce, qu’en son temps, Eugène Pottier écrivait déjà dans l’Internationale :

« Il n’y a pas de sauveur suprême,
Ni Dieu, ni César ni tribun
Producteur sauvons-nous nous même,
Décrétons le salut commun. »

(1) Procès de Communards – Collection Archives - Julliard -1964

(2) Il faudra attendre la révolution espagnole de 1936 pour trouver un Maçon (Cipriano Mera) chef de corps d’armée.